L’oeuvre de Linda Todisco est proprement fascinante, dans la nuance la plus complexe que peut avoir ce sentiment: elle attire l’attention du regardeur et la repousse en même temps. S’inspirant de la culture du corps de l’art sacré chrétien, la plasticienne place la figure de la femme au centre de sa démarche. Tout commence et se termine dans le corps. Comme elle le dit «je ne pourrais pas me passer du corps. Il est une source de richesse éternelle. Toucher la terre c’est déjà toucher le corps». Les images qu’elle crée sont crues, choquantes, provocantes. L’artiste a conscience de cette qualité subversive de son travail, sans pour autant la forcer. Sa trilogie Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit revisite, par différents médiums, la Sainte Trinité, qui prend ici l’expression d’un Dieu ravagé.
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 1, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 2, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 3, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 4, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 5, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 6, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 7, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Santo Spirito (Sculpture) 7, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco aborde de lourdes et parfois douloureuses questions qui mêlent les blessures et les cicatrices, les écorchements, les larmes. Autant d’indices d’une violence qui semble précéder la mort. Aucun artifice de beauté n’a le pouvoir d’occulter la vision de la souffrance et de la violence qui apparaissent tels des symptômes sur la peau, sur la chair meurtrie. La plasticienne travaille ou torture le corps, devenu monstrueux, parfois déshumanisé.
L’artiste, pluridisciplinaire, aime jouer des textures et de la particularité des matériaux, utilisés seuls ou additionnés. La série Al Nome Del Figlio donne à voir des sculptures de femmes ou de filles assises, le sexe béant, ce sexe qu’elle compare à une cicatrice, de la même manière que la bouche peut être vue comme une balafre. Elle présente des corps lourds, avachis aux jambes molles comme si ces femmes étaient condamnées à cette position, n’ayant pas la possibilité de fuir.
Linda Todisco, Al Nome del Figlio (Sculpture) 1, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Figlio (Sculpture) 2, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Figlio (Sculpture) 3 s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Figlio (Sculpture) 4 s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco, Al Nome del Figlio (Sculpture) 5, s.d. © Linda Todisco
Linda Todisco témoigne, bouleverse, faisant du corps et de sa représentation le réceptacle d’une pensée, d’un discours où d’une histoire, partagée ou non. Elle offre à la création une qualité noble, déclarant «l’art doit permettre de sublimer ses propres souffrances». Plus riches qu’un discours, plus fortes que les mots, les sculptures parlent et racontent.
