Kevin Cyr est né en 1976 à Edmundston, au Canada. Diplômé du Massachusetts College of Art de Boston, il vit et travaille à Brooklyn, New York. Ses travaux ont été montrés dans nombre d’expositions à travers les États-Unis et récompensés au concours des New American Paintings.
Son goût pour les paysages industriels et les éléments de la grande ville emprunte au street art. Les camionnettes et fourgons en tous genres sont l’un des supports favoris des adeptes du graffiti dit vandale, consistant à couvrir ces véhicules de signatures peintes. Le van circule ensuite dans les rues de la ville avec le nom du graffeur, qui peut ainsi être vu par la foule.
Mais le support devient ici objet de représentation, le véhicule sale, usé ou rouillé est au centre du tableau. L’artiste nous invite à le regarder comme un objet esthétique. Cette chose triviale se pare d’une beauté nouvelle, dévoile une richesse graphique et chromatique indéniables. La prétendue laideur de nos rues recèle une beauté inouïe pour qui sait la regarder.
La technique de Kevin Cyr est proche de l’hyperréalisme, de l’illustration virtuose, qui rappelle par moments les voitures peintes par un Pierre Barraya ou un Norman Rockwell.
Tel un naturaliste de la ville, ce peintre est un illustrateur de la faune et de la flore urbaines. Sa galerie de portraits de voitures est comme un portrait robot de l’Amérique. Par effet de mimétisme, le véhicule paraît habité par celui ou celle qui le conduit. Comme si les fêlures de la carrosserie disaient quelque chose des rayures de l’âme du propriétaire. On imagine le livreur pressé, le marchand de glaces ou les jeunes gens en vacances sur les plages californiennes.
La voiture est une icône, au sens propre. Kevin Cyr redore le blason de l’american way of life en lui apportant un supplément d’âme.