Sur son lit, s’invitent des corps nus abandonnés à leur liberté, ses figurines semblent être des allégories du corps en mouvement, ses tableaux sont oniriques et anciens, ses objets revisités et poétisés. À travers ses différentes photographies, Julie Chiang nous invite dans un univers sensible jaillissant d’un quotidien magnifié ou d’une théâtralité simplifiée. Diplômée de l’École EFET, la photographe habite et travaille actuellement à Paris. Elle compte parmi ses influences le travail d’artistes comme Sophie Calle, Karl Blosfeldt, Edward Weston, Nadar, Annie Leibovitz ou Irving Penn. Depuis 2011, elle assiste Paolo Roversi, Bojana Tatarska… et travaille pour de jeunes créatrices de mode comme Voriagh ou Raphaëlle H’limi. Ses photos de mode sont mises en scène de manière fluide, élégante et minimaliste nous incorporant dans un songe éveillé, dans « son théâtre » imaginaire où les seuls éléments qu’elle utilise sont un fond en toile ou un tabouret pour pouvoir avec plus de précision travailler sur le corps de son sujet.
© Julie Chiang, Mon théatre
© Julie Chiang, Mon théatre
© Julie Chiang, Mon théatre
© Julie Chiang, Mon théatre
© Julie Chiang, Sur mon lit
© Julie Chiang, Sur mon lit
© Julie Chiang, Sur mon lit
© Julie Chiang, Sur mon lit
Le caractère théâtral est assez récurrent dans son travail jouant sur l’ambiguïté du réel et de la fiction notamment, dans sa série « Mes tableaux ». Ces derniers sont à la fois lourds d’une atmosphère et évanescents par le voile d’illusion qu’ils semblent faire miroiter devant nos yeux: sommes-nous devant un tableau, une photographie d’intérieur ou un objet réel? Une mise en abyme se profile et nous rappelle la phrase « La vie est un songe » (titre aussi d’une pièce de Calderón) de l’esthétique théâtrale baroque.
© Julie Chiang, Mes tableaux
© Julie Chiang, Mes tableaux
© Julie Chiang, Mes tableaux
© Julie Chaing, Mes tableaux
Dans la série « Mes figurines », le théâtre des corps se joue. On voit tour à tour des corps stylisés, mis à nus ou à l’épreuve sur des palettes industrielles ou des planches de bois selon le personnage en scène. Un changement d’univers s’opère pour chaque performeur nous mettant dans l’illusion d’un défilé de personnages imaginaires. Les arts de la scène dans sa diversité y sont représentés et le pouvoir cathartique de la scène se sent subtilement dans certaines photographies. Les formes, les couleurs, le mouvement sont les portes d’entrée dans l’illusion.
© Julie Chiang, Figurine JC
© Julie Chiang, Figurine Léger
© Julie Chiang, Figurine Napoléon
© Julie Chiang, Figurine Tragédie
© Julie Chiang, Figurine Vénus
© Julie Chiang, Figurine Voyage
L’esthétique théâtrale première qui est celle de créer avec ce que l’espace et le corps peuvent donner à voir, semble correspondre au mode de travail de Julie Chiang. C’est dans un entrepôt où il y avait des palettes de bois que l’idée de « ses figurines » a germée. L’artiste aime à bricoler et imaginer dans une non-sophistication. Ses photographies de réinterprétations d’objets s’inscrivent dans cette optique. Un soutien-gorge devient une pieuvre qui pourrait illustrer un livre de sciences naturelles du XVIIIe siècle. Un tissu en mouvement peut être une rose, un bœuf, un fœtus. Le spectateur voit ce qu’il veut y voir et établit alors son rapport personnel avec le travail de l’artiste.
@ Julie Chiang, Mes Objets
@ Julie Chiang, Mes Objets
@ Julie Chiang, Mes Objets
@ Julie Chiang, Mes Objets
La simplicité habite de même les portraits de la série « Mon Photomaton ». Sensibles, profonds et sans artifice, ils nous mettent dans la confidence d’une singularité: on y perçoit le moment évanescent et à la fois présent, la solitude et la force; en somme la sensibilité humaine paraît noblement dans ces clichés. Ils invitent ainsi à voir derrière le petit rideau de la cabine photographique, à voir l’illusion se mettre en phase avec la réalité.
© Julie Chiang, Mon Photomaton
© Julie Chiang, Mon Photomaton
© Julie Chiang, Mon Photomaton
© Julie Chiang, Mon Photomaton
© Julie Chiang, Dans ma cour
© Julie Chiang, Dans ma cour
© Julie Chiang, Dans ma cour
© Julie Chiang, Dans ma cour
Le temps, autre notion perceptible du travail de l’artiste et facteur essentiel de l’illusion, y est métaphorique comme dans un poème, présent comme une onde grâce aux couleurs, donne aux photographies une authenticité. Une poésie personnelle et délicate se dégage du travail photographique de Julie Chiang y compris dans ses mini-vidéos telles que « La pièce bleue » habitée par les souvenirs d’antan, où le temps est en suspens.