Jules Faure est un photographe parisien qui arpente les univers non conformes de notre temps pour exposer au grand jour toute leur beauté. Une beauté poétique et sauvage, qui se déploie au fil de ses nombreux projets, pour des magazines créatifs, de la mode, des soirées ou des séries personnelles. Au point de départ de ses photographies, l’envie d’être bousculé : « Ce que j’aime, c’est me dire que je vais rencontrer quelqu’un qui va me donner une claque. » Assoiffé de rencontres, Jules Faure est un témoin moderne. Ses clichés donnent à voir le charme trépidant d’existences invraisemblables, d’individus insoumis aux normes ou de nids de folie.

Ryan HeffingtonRyan Heffington, argentique, 2013 © Jules Faure
Ryan HeffingtonRyan Heffington, argentique, 2013 © Jules Faure
Ryan HeffingtonRyan Heffington, argentique, 2013 © Jules Faure

C’est dans ses projets personnels qu’il explore le plus ce qui le fascine: le corps marginal et les questions du genre. Dans le cadre de son travail de fin d’étude, il a rencontré Marie et Lalla, que rien ne liait, si ce n’est le même choix qu’elles ont fait, celui de changer de sexe. Les quelques Polaroïds qu’il a réalisés chez elles, intimes et d’une grande douceur, regorgent de secrets: émotions, surprises dans la rencontre, échanges et discussions… Avec tendresse et franchise, Jules Faure montre le sexe – et par extension toute une existence – vécu différemment. Il partage assurément avec sa plus grande idole Diane Arbus la volonté de révéler l’humanité, dans ce qu’elle comporte d’amour, de fragilité et dans sa dimension universelle, par le prisme de la différence.

MarieMarie, Polaroid, 8.5×10.8 cm, 2011 © Jules Faure
MarieMarie, Polaroid, 8.5×10.8 cm, 2011 © Jules Faure
MarieMarie, Polaroid, 8.5×10.8 cm, 2011 © Jules Faure
LallaLalla, Polaroid, 8.5×10.8 cm, 2011 © Jules Faure

À présent, il aimerait diriger ce regard auprès d’acteurs X en s’immisçant dans les coulisses des tournages de films pornographiques. D’ailleurs, parmi les quelques portraits de personnalités et artistes qu’il a déjà réalisés, on remarque celui de l’acteur Peto Coast. Mais les photographies de Jules Faure, jouissives et pétillantes, sont aussi là pour nous conter l’extravagance. Pour ses séries « Club Kids », il installe un studio éphémère dans les soirées House of Moda. La toile de fond est peinte par ses soins, parfois en nuages dégradés, version psychédélique des ciels bleu-gris que l’on avait à l’école primaire, et ce sont des enfants terribles de la nuit qui viennent prendre la pose devant son objectif. Au cœur de la fête, se tenir sage quelques secondes n’est pas toujours chose évidente pour ses modèles en furie, mais pourtant chose nécessaire puisque Jules Faure n’utilise pas d’appareil numérique. Il estime que trop souvent le numérique casse la promiscuité et nuit à l’immersion. En tous cas le résultat est là: de majestueux portraits décontextualisés, un joli jeu de genres et de corps costumés, sous justaucorps déjantés, resplendissant de plumes, de bijoux, de paillettes… et pas mal de sueur. « J’aime bien imaginer que des gens les regarderont dans des dizaines d’année, ils sauront que certaines personnes faisaient la fête comme ça dans les années 2012, 2013… Cela aura peut-être un impact puissant, comme lorsqu’on regarde aujourd’hui des vidéos de vogging. »

Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4 Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4 Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Club Kids #4 Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2013 © Jules Faure
Club Kids #4 Club Kids #4 , Rolleiflex, argentique, 2013 © Jules Faure

Initialement diplômé en graphisme, Jules Faure s’est rapidement pris d’amour pour la photographie et, par la force des choses et l’agilité de son style, s’est rapproché de marques et de créateurs. Il a notamment collaboré avec Midnight Rendez-vous pour des photographies à l’image de leurs collections: pop, folles et ambitieuses, tantôt 90’s flashy ou bien kitsch élégantes. Dans « Le complexe d’Icare », série réalisée pour le lookbook de Flamingo, il imagine un univers de film un peu nouvelle vague, à l’héroïne marâtre et aux sous-titres surréalistes. Il a aussi mis en scène les chaussures Veja dans des face à face avec des caricatures de personnages (le travesti, la fille souillon ou le type pervers…) et récemment, il est devenu photographe Europe pour la marque American Apparel pour laquelle il produit séries et publicités. Tout en se laissant bercer par des esthétiques rétro, Jules Faure se nourrit de la fougue contemporaine et nous la dépeint dans des images mi-chorégraphiées, mi-naturelles. La sagacité de son regard décèle des situations à la poésie spontanée, mais qu’une gêne, nous explique-t-il, lui interdit de photographier à la volée. Alors, il recrée et recompose les scènes en s’abstenant de les engraisser des artifices habituels de la photographie, jouant ainsi avec la subtilité de l’entre-deux.

LisaLisa, American Apparel, argentique, 2013 © Jules Faure
MarionMarion, American Apparel, argentique, 2013 © Jules Faure
Like a virgin Like a virgin – Midnight Rendez-Vous / Fall-Winter 2013 collection, Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
Like a virginLike a virgin – Midnight Rendez-Vous / Fall-Winter 2013 collection, Rolleiflex, argentique, 2012 © Jules Faure
ColorplaneColorplane – Midnight Rendez-Vous / S.S 2012 Collection, lookbook réalisé en collaboration avec Alexandre Delaw-Rivière,  2011 © Jules Faure
Le complexe d'IcareLe complexe d’Icare, photographie extraite du lookbook réalisé pour la marque Flamingo d’Afshin Tavakoli, argentique, 2013 © Jules Faure  
Le complexe d'IcareLe complexe d’Icare, photographie extraite du lookbook réalisé pour la marque Flamingo d’Afshin Tavakoli, argentique, 2013 © Jules Faure