Janice Gordon est Américaine. « Born and raised » au pied des Rocky Mountains, elle a développé une mythologie personnelle puissante autour de cette enfance dans les grands espaces et se situe du côté de l’art contemporain environnementaliste. Elle vit et travaille aujourd’hui à New York.
En 2004, elle doit subir en urgence une opération du cœur. En partie pour contrer le traumatisme, Janice Gordon entame alors plusieurs années de recherches sur l’anatomie, la physiologie du cœur et l’histoire de la cardiologie. Avec l’aide de médecins cardiologues, elle étudie de près l’imagerie médicale, et assiste à une opération à cœur ouvert. Sa série Matters of the Heart (2006-en cours), est le résultat de cette recherche, entre médecine et art plastique.
Heart (felt), 2007 © Janice Gordon
Heart (felt), 2007, detail © Janice Gordon
Heart (winter), 2007 © Janice Gordon
Heart (winter), 2007, detail © Janice Gordon
Heart (soldier), 2008 © Janice Gordon
Heart (soldier), 2008, detail © Janice Gordon
Heart (interface), 2008 © Janice Gordon
Heart (interface), 2008, detail © Janice Gordon
Janice Gordon explore le motif du cœur comme point de rencontre « de la médecine et de la métaphore, du corps et de l’esprit ». Pour les médecins, le cœur est l’organe de chair et de sang qui rend possible la vie physiologique. Pour les penseurs, les artistes, il est l’emblème des sentiments, et de la vie intérieure. Dans ses recherches, Janice Gordon a été frappée par la capacité de la médecine à faire abstraction du symbolique pour isoler le cœur comme un fragment autonome de l’être humain, un organe qu’on peut regarder aux rayons X ou dans la fenêtre découpée d’un champ stérile.
Son travail d’artiste vise au contraire à réunir l’organe biologique et le cœur symbolique. Janice Gordon travaille à partir d’objets naturels et de matériel médical utilisé en cardiologie. Tous évoquent directement la vie de leur auteur : des minéraux collectés avec son père, géologue, de la laine de mouton ou des crins de chevaux cueillis dans les buissons des Rocheuses, une vieille poupée de chiffon, une pognée de cathéters conservés d’un séjour à l’hôpital. Précieuses, fragiles, les sculptures de Janice Gordon constituent, comme de petits cabinets de curiosités, une collection toute personnelle, tissée de souvenirs.
Leur anatomie scrupuleusement exacte les rapproche aussi des modèles pour étudiants en biologie, comme tirés des entrailles d’un écorché de plastique. La texture veinée d’une pierre évoque une muqueuse, la nacre d’un coquillage, la membrane d’un ventricule. La diversité des pièces et matériaux utilisés pour Matters of the Art témoigne d’une grande imagination technique dans l’art de la combinaison.
Allez voir le site de Janice Gordon, qui comporte d’autres projets, empreints de la même sensibilité.