Jacques-Henri Lartigue est né en 1894, prend ses première photos en 1900 et possède son propre appareil en 1902: à l’âge de 8 ans. Il a donc une expérience, un outil et surtout des réflexes. Il a le geste de quelqu’un qui photographie la vie, qui la mitraille, un enfant qui joue et qui atteint la beauté par son jeu-même. Qui n’a pas déjà rêvé d’avoir un appareil dans l’œil pour pouvoir prendre des photographies à n’importe quel moment? Jacques-Henri Lartigue réalise ce fantasme: il photographie le mouvement des automobiles, la spontanéité d’un saut, une maladresse, un geste élégant… Il y a l’essence de la vie dans chacune de ses œuvres, le goût du soleil et la violence de la mer. Un sentiment positif émane de ses œuvres. Sa vie semble à l’abri de tout danger, mais plus que ça, son goût n’est que sucré. Il regarde ses amis, ses parents, et le spectacle qu’il photographie est celui d’un monde mondain sans souci. Il suce le pollen des fleurs sans se piquer à leurs épines: son œuvre est légère et toujours réjouissante.

Jacques-Henri Lartigue, Sala au rocher de la vierge, Biarritz, 1927© Jacques-Henri Lartigue, Sala au rocher de la vierge, Biarritz, 1927

« La plage, c’est l’endroit le plus immense de la terre. On peut y courir sans limite et personne ne vous crie de faire attention. Rien n’empêche plus mes yeux de voler, de voguer sans fin. » Lartigue est encore un enfant quand il écrit ses lignes dans son journal. Accoutumé à la vie des stations balnéaires dès son plus jeune âge, il connaît le loisir des pieds dans l’eau, seul sur la grande plage de Biarritz, de Cannes ou de Nice. Le luxe de la vie, Lartigue est gâté, chanceux, heureux. L’imagerie de la mer revient tout au long de son œuvre. Fasciné par le mouvement, il photographie les vagues, les hommes qui plongent et les enfants qui courent. Son œuvre illustre aussi l’insouciance de la vie balnéaire, le culte du corps et du confort. Les femmes photographiées sont lisses et halées, caramels luisants exposés au soleil de la côte d’azur. Tout est sautillant chez Lartigue… Regarder ses œuvres fait monter une excitation, l’allégresse y est imprimée pour toujours, le cerf-volant jamais ne redescendra.

L’espace André Graillot du Havre lui consacre une exposition, Rivages, jusqu’au 22 avril 2012. Elle a rassemblé de nombreux clichés des déambulations maritimes du preneur d’images. Exposer Lartigue lui confère une aura d’artiste, de photographe professionnel, alors que sa volonté n’était ni documentaire ni recherchée. Ses photographies sont le fruit d’un amour d’esthète pour la beauté, les loisirs, les jeux, ce qui peut le faire passer pour un photographe amateur, dilettante. Exposé en 1963 au MoMA de New York, il connaît la reconnaissance à 69 ans, et est désormais étudié comme le photographe du mouvement et le témoin de la société chic de l’entre-deux-guerres. La même année, ses photographies paraissent dans le numéro de Life annonçant l’assassinat du président Kennedy: le magazine fait le tour du monde, et c’est ainsi que Lartigue devient un des photographes français les plus connus.

Jacques-Henri Lartigue, Chou Valton à la plage de la Garoupe, Cap d’Antibes, 1932© Jacques-Henri Lartigue, Chou Valton à la plage de la Garoupe, Cap d’Antibes, 1932
Jacques-Henri Lartigue, L’ombre et le reflet, Hendaye, Août 1927© Jacques-Henri Lartigue, L’ombre et le reflet, Hendaye, Août 1927
Jacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri Lartigue Jacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri LartigueJacques-Henri Lartigue© Jacques-Henri Lartigue