Francesca Protopapa est une artiste italienne, née à Rome en 1979, qui vit et travaille tantôt dans la capitale italienne, tantôt à Paris. Le nom de cette illustratrice et dessinatrice est tapi sous un pseudonyme suggestif, puisqu’en réalité Francesca Protopapa s’abandonne pour devenir Il Pistrice, entité créatrice métamorphique et haute en couleurs.
Il Pistrice trouve son origine dans le mot latin pistrix dont la signification est à rapprocher du monstre marin et de la baleine. En fait, cette iconographie est familière puisqu’elle se rapporte aux monstres marins qui furent représentés sur les cartes géographiques dès l’Antiquité grecque et jusqu’à la Renaissance. Il s’agit d’une créature hybride, d’une chimère, mêlant des attributs d’animaux divers. Ce monstre pénètre l’art et l’iconographie chrétienne sous les traits de la baleine qui goba Jonas. De manière abstraite, il s’agissait de représenter la peur de l’inconnu qui habitait les matelots parcourant les mondes inexplorés. Pour l’artiste, cette signature permet de témoigner son amour pour l’imaginaire du monstrueux mais aussi son goût pour les cultures anciennes et la mythologie. Une connaissance qu’elle a put affiner lors de ses études d’Histoire de l’Art à l’Université de Rome.
Aussi, l’art de Il Pistrice se peuple de petites créatures mêlant l’humain et l’animal. Pour expliquer cette rencontre, il semblerait que l’artiste trouve dans l’image de la femme (et de la féminité) un mode d’expression privilégié. Celle-ci s’enrichit de caractéristiques animales formant des monstres hétéroclites, de petites créatures fragiles, loin des évocations de la version du monstrueux dévastateur. Pour créer une analogie entre l’objet et le moyen, Francesca Protopapa emploie une technique mixte elle aussi, mêlant, entre autres, collages, peintures et dessins. Son univers foisonne de détails de visages et de nageoires incertaines, de claustrations dans des bocaux symboliques, de petits batraciens aux visages de minettes yéyé. Si vous prenez le temps de regarder, vous découvrirez des femmes sirènes, certaines poilues, tandis que d’autres nous dévoilent ce que la peau cache et contient, mais toutes semblent s’accorder à nous révéler, les yeux dans les yeux, un pan de leur essence intime.
Notons également que l’artiste publie des livres pour enfants, une façon pour elle d’atteindre les eaux vives de ces imaginations en construction.