Tous les deux ans, depuis 1996, le prix Hugo Boss, parrainé par la marque de vêtements éponyme, récompense un artiste pour son oeuvre et le dote d’une bourse de 100.000 dollars. A cette rondelette somme s’ajoute la promesse d’une exposition dans la prestigieuse institution qu’est le Solomon R. Guggenheim Museum (New York). Richard Amstrong, directeur dudit musée, déclare : « Le prix Hugo Boss est reconnu internationalement comme l’un des plus prestigieux de l’art contemporain. En accord avec l’engagement du Guggenheim, ce prix est l’opportunité de mettre en avant des artistes du monde entier qui appréhendent l’art comme un courant novateur et avant-gardiste».

La sélection se fait donc en dehors de critères tels que l’âge, le sexe, la nationalité ou encore le support de travail. Le jury se compose de personnalités internationales du monde de l’art : directeurs, conservateurs, universitaires ou encore critiques reconnus qui établissent une liste de six à sept artistes. Précédemment ce sont Matthew Barney (1996), Duglas Gordon (1998), Marjetica Potrč (2000), Pierre Huyghe (2002), Rirkrit Tiravanija (2004), Tacita Dean (2006), Emily Jacir (2008) qui furent mis à l’honneur par ce prix.

En 2010, c’est à Hans-Peter Feldmann que fut remis le prix Hugo Boss. Le plasticien allemand alors âgé de 69 ans (né à Hilden en 1941), figure de l’art conceptuel, utilisa la dote pour un curieux projet. En effet, il utilisa les 100.000 dollars – deux ans d’un salaire moyen aux Etats-Unis écrivirent les critiques – en petites coupures d’un dollar pour couvrir l’ensemble de l’espace d’exposition alloué par le Guggenheim (la Tower Gallery, au 2è étage du musée). Les billets furent épinglés horizontalement ou verticalement et avaient la particularité de ne pas être comme un sou neuf. Vu de loin, les murs prenaient une teinte verte plus ou moins homogène, à l’image d’un feuillage verdoyant. De près, les billets laissaient paraître les signes d’une usure, témoins d’une circulation, de propriétaires successifs. L’artiste s’explique en déclarant : «J’ai 70 ans, et j’ai commencé à faire de l’art dans les années 50. A cette époque, il n’y avait pas d’argent dans le monde de l’art. Donc pour moi, 100.000 dollars, c’est vraiment beaucoup. C’est vraiment incroyable, et je voulais montrer la quantité d’argent que cela représente». D’autres, peut-être plus critiques, y liront une manière d’aborder la question qui mêle argent et art, illustrant sans doute la folie, l’illusion et le caractère obscène du pouvoir marchand. L’artiste aura su transformer l’argent en art, questionnant la valeur des billets. En effet, ces billets, comme illustration, n’ont aucune valeur sinon celle que l’Homme leur donne.

Le neuvième artiste à être récompensé par le prestigieux Prix Hugo Boss le sera dans le courant de cette année 2012. La sélection des six artistes a été opérée par un jury composé de personnalités du monde de l’art contemporain. Sont donc sélectionnés : l’artiste américain Rashid Johnson, la Polonaise Monika Sosnowska, le Chinois Qiu Zhijie, l’artiste d’origine vietnamienne Danh Vo et enfin le Britannique Tris Vonna-Mitchell.

Hans-Peter Feldmann, Hugo Boss Prize 2010, 2010Hans-Peter Feldmann, Hugo Boss Prize 2010, 2010 ©
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