Sur le papier blanc se détachent, tracés à l’encre avec précision, des boucles, des volutes, de vastes zigzags biseautés, de petits confettis géométriques. Parfois en couleur, en noir sur blanc plus souvent.
Les dessins de Guy de Cointet, réalisés entre 1971 et 1983, sont des devinettes, des énigmes pour l’œil et l’esprit. Derrière chacun se cache un message, crypté dans un alphabet inventé. Certains se déchiffrent aisément, avec les boucles de leur écriture manuscrite, il suffit de les lire « en miroir » pour déchiffrer leur contenu. D’autres au contraire se présentent comme des compositions purement abstraites. Il faut alors se référer au titre donné par l’auteur, de sa ronde écriture sous le dessin, pour reconnaître, dans le fouillis des formes, des « lettres », et les isoler comme les éléments d’un code rigoureusement suivi. Si si… regardez bien, regardez mieux…
Guy de Cointet, Sans titre (Remember those exciting days), 1971 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, He closed his pallid eyes, 1971 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Early…, c. 1978 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Sans titre, 1971 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, She’s in wonderful shape, 1977 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Enjoy the commercials, 1971 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Sans titre (I hate to sleep alone), 1983 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Those aren’t tranquilizers, they’re trumpets, c.1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, His music looks at me, 1976 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Les messages de Guy de Cointet sont souvent tout aussi énigmatiques que leur mise en forme: de véritables poèmes parfois, ils peuvent aussi se limiter à des phrases interrompues par des points de suspension, répliques creuses extraites de soap opera américains… Le concept exhibe le caractère artificiel, purement formel, des banalités que nous prononçons chaque jour en société: des mots qui sont eux aussi codés, ne se comprennent que si l’on nous en donne les clés.
Peut-être faut-il y voir l’écho du parcours personnel de Guy de Cointet, né à Paris en 1934, et émigré aux Etats-Unis à l’âge de 30 ans (à New York d’abord, puis à Los Angeles où il résidera jusqu’à sa mort en 1983). L’anglais est pour Guy de Cointet une lange d’adoption, dont les conventions et les usages idiomatiques restent une source d’étonnement, amusé.
Guy de Cointet, The god of war at rest, 1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Where is my husband, 1980 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Doctor Johnson in coughing, c. 1978 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, My own mornings…, 1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Sans titre (It was not easy), 1983 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Apollo God of light, 1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, The medieval painters used to prepare a red color, 1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, I have been reading the philosophical poems of miss Ackermann, 1976 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, The sedative smoke of tobacco, 1982 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
Guy de Cointet, Back in Jamaica, 1983 © Estate Guy de Cointet, Galerie Air de Paris
De ses dessins, Guy de Cointet a fait des livres d’artistes, mais surtout des performances dans lesquelles un ou plusieurs acteurs déchiffrent, devant le public, des tableaux-textes à première vue inintelligibles.
Le travail de Guy de Cointet fait l’objet d’une véritable redécouverte ces dernières années. Notamment depuis l’acquisition en 2010 de ses archives personnelles par le Centre Pompidou. Les précieux carnets de recherche de l’artiste, où s’élaborent les alphabets et les grilles de codes seront exposés lors de la troisième édition Nouveau Festival, consacrée cette année aux langues inventées. A cette occasion sera rejouée la performance « Tell Me ».
La succession Guy de Cointet est aujourd’hui représentée par la galerie Air de Paris.
Nouveau Festival
Centre Pompidou
22 février 2013 – 12 mars 2013
« Tell Me »
23 février 2013, à 20h30
24 février 2013, à 17h00
Grande Salle – Centre Pompidou
14 euros et 10 euros
Galerie Air de Paris
32, rue Louise Weiss
75013 Paris