Galerie Pal Project
Une ode à la contemplation, un appel à l’action
par La rédaction
Jusqu’au 24 juin 2023, la galerie pal project invite Myriam Brando pour le commissariat de l’exposition “Faire fi, Faire feu”. Cette exposition réunissant 8 artistes (Marcella Barceló, Xolo Cuintle, Julien Heintz, Léna Long, Ibrahim Meïté Sikely, Mateo Revillo, Ugo Schildge et Raphael Sitbon) présente la vulnérabilité non pas comme une faiblesse à cacher, mais comme une ressource créative à exploiter.
L’installation de Xolo Cuintle nous invite à déambuler dans un jardin fantomatique, où l’ensemble des végétaux sont figés. Sans répondre au « quand » et au « pourquoi », ils montrent le « comment », tel un manifeste de la fragilité humaine. Un équilibre se dessine entre l’éphémère et l’intemporel grâce à la représentation d’éléments naturels contrebalancés par l’utilisation de matériaux issus de l’industrialisation. A l’instar d’Ugo Schildge, son œuvre résonne comme un écho brutal de la violence de l’homme sur son environnement. L’arbre en feu condamne t-il le monde à se consumer sous nos yeux impuissants ou amorce t-il les prémisses d’un combat féroce ?
Les plantes carnivores de Marcella Barceló contrastent avec les formes douces et la candeur de son personnage. Sa narration mélancolique dessine d’étranges paysages habités par ces corps sans âge sortis d’une époque révolue pour nous dire quelque chose de la vulnérabilité qui l’accompagne. Lena Long explore, à travers des tons vifs et fluos, un moment dont les contours de l’histoire nous échappent. La diversité des approches artistiques offre une appréhension «ultra contemporaine» d’un état d’anxiété tout en insufflant de nouvelles perspectives de résilience.
Intemporels, inidentifiables, impassibles, les visages fantomatiques de Julien Heintz apparaissent comme la recherche d’un souvenir en mémoire : en faisant un effort. Qu’il soit racisé, genré, ou exploité, le corps est le premier des nombreux lieux où la vulnérabilité apparaît. Ibrahim Meïté Sikely dénonce en peinture l’injustice d’avoir été mis à l’écart, le renoncement, mais aussi un questionnement de certaines réalités sociales. Son travail est une exploration de la vulnérabilité centrée sur des individus longtemps invisibles.
L’exposition révèle autant de récits que de stigmates. En choisissant des fragments de vie comme point de départ à la création, Raphael Sitbon puise l’essence même de son travail dans la fragilité passée et domptée. Ses sculptures marient un mobilier familier à des traits réversibles. Il ne restera qu’une empreinte mystique fragile. Mateo Revillo explore ce même sentiment enfoui entre le mystique et la vulnérabilité. Deux coffres noirs sont voilés. L’un, par une toile en cire d’abeille, patinée à rayures, arpentée par des escargots. Reliquaire grillé comme le sont les nonnes d’un couvent, l’autre contient un cœur en argile. Un escargot, souvenir d’une abstraction mystique, illumine une scène délicate.
«Faire fi, faire feu» est une ode à la contemplation, un appel à l’action. A la résistance.