Frieke Janssens est née en 1980 à Bruxelles. Depuis 2003, elle travaille en tant que photographe freelance.

Dans cette série, dérangeante et puissamment esthétique, elle substitue le hochet par la cigarette. Ces enfants aux gestes de fumeurs assurés sont saisis dans un cadre qui évoque la photographie de portrait des premiers daguerréotypes et les médaillons en pendentif des siècles derniers.

Le tabac est un élément photogénique indéniable. Frieke Janssens semble fascinée par les attitudes physiques que provoque sa consommation. Que l’on songe à ces écrivains qui se sont fait immortaliser clope au bec ou à ces danseuses de cabaret des années 1930, au visage langoureusement dissimulé derrière un écran de fines volutes. La fumée est, dès l’origine de la technique photographique, exploitée pour les effets intéressants de floutage et de modulation de la lumière qu’elle permet. Ici, l’objet tabagique (pipe, cigarette plus ou moins grosses, cigares…) semble prolonger la personnalité des modèles, leurs conférer un surcroît d’identité. Comme si l’accessoire était en résonance avec celui qui le porte. Les costumes de ces personnages miment les modes de temps révolus et élégants. Ces enfants semblent être d’étranges ancêtres rajeunis. Il y a indéniablement du dandysme dans cette série.

Au-delà de la provocation faite à la santé et aux bonnes moeurs, ces enfants fumeurs choquent moins parce qu’ils inhalent de la fumée que parce que tout dans leur pose, leur gestuelle, leurs habits, leurs airs évoquent l’adulte: ils sont des monstres sans âge identifiable. Une rencontre brutale se produit entre l’ancien et le jeune, entre la pureté et la tache. La mort — celle des vanités — semble contenue en germe dans ces vies qui commencent. Le déphasage entre ces corps d’enfant et ces manières d’adulte engendre une beauté difforme, discordante. Cette esthétique du morbide sonne comme un hommage à celle des poètes modernistes et des peintres préraphaélites, celle d’Oscar Wilde, de Daniel Gabriel Rossetti ou de Ruben Dario. Nous sommes face à une beauté de la « rose fanée ». La mort est envisagée comme un beau vêtement. Peut-être est-ce là une manière de la mettre à distance.

Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©
Frieke Janssen, Smoking KidsFrieke Janssen, Smoking Kids ©