Francesca Woodman fait partie de la légende de la photographie. Sa précocité et sa fin tragique collaborent à la persistance de ce mythe.
Francesca Woodman débute la photographie vers 13 ans. Après le lycée, en septembre 1975, elle entre à la Rhode Island School of Design. Elle y obtient une bourse d’étude qui lui permet de passer un an à Rome. Elle y réalise de nombreuses séries, mais aussi sa première exposition personnelle à la Librairie-Galerie Maldoror en mars 1978.
Jeune photographe talentueuse, Francesca Woodman décida de mettre fin à ses jours le 19 janvier 1981 en se défenestrant, laissant derrière elle une œuvre courte mais dense. Elle continue aujourd’hui, trente ans plus tard, à focaliser l’attention sur son univers et ses photographies. Ses autoportraits, ses nus et ses mises en scènes sont autant d’interrogations sur son être, que des réflexions sur la perception et la transcription du corps – le sien ou celui de ses modèles – dans l’espace.
Son corps caché, flou, coupé par le cadrage ou rendu invisible par les jeux d’exposition et de temps de pose, semble offrir, pour nombre de critiques, le prétexte à une lecture psychologique et à une analyse prémonitoire de son suicide, plus qu’à une étude de ses choix esthétiques. Mais cette complexité des intentions qui lui sont attribuées semble mal s’adapter à une personne aussi jeune.
« Don’t forget she was a kid »* se plait à rappeler sa mère, qui gère aujourd’hui cet ensemble fort de cinq cents épreuves originales, de planches contact, de poèmes…
Le critique d’art Chris Townsend (auteur d’une monographie lui étant consacrée publiée par Phaïdon), rappelle: « il faut garder à l’esprit que ces photographies sont celles d’une lycéenne, puis d’une étudiante, enfin d’une jeune femme. Francesca Woodman ne s’est jamais considérée comme une artiste accomplie, même si on la perçoit ainsi aujourd’hui. »
L’artiste a également réalisé des portraits de femmes, notamment de son amie Sloan Rankin, en noir et blanc l’inscrivant dans une tradition du nu artistique, mais elle conserve sa propre vision subjective de ce qu’est la féminité, loin des classiques du genre.
L’unique livre publié de son vivant, en 1981 : Some Disordered Interior Geometries est aujourd’hui un collector, que les collectionneurs s’arrachent en salle des ventes.
Le SFMOMA (San Francisco Museum Of Modern Art) présente depuis le 5 novembre la première exposition aux Etats-Unis consacrée à la photographe depuis plus de vingt ans. À Paris, la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain avait présenté les œuvres de Francesca Woodman en 1998.
* « N’oublions pas qu’elle n’était qu’un enfant »