Flore Kunst, diplômée de l’École Emile Cohl en 1999, a travaillé durant de nombreuses années dans divers domaines touchant à l’image: que ce soit l’illustration vectorielle, le dessin textile, la photographie ou la linogravure. Cette disparité lui a ainsi permis d’affiner son sens critique et d’acquérir un regard graphique particulier. Son travail artistique le plus récent se déploie autour de la technique du collage, assemblages résultant d’une collecte méthodique de cartes postales, de vieux journaux ou magazines.
La beauté est de rigueur pour Flore Kunst mais pas que. Bien que disparates ses collages semblent promouvoir la femme, blâmant les idées reçues et stéréotypes ancrés dans une société antérieure, le rapport dominé et dominant – femmes et hommes ou femmes et objets – étant fondement principal. Le corps féminin s’exhibe, se transformant en monuments, tissus, automobiles, codes de couleurs, dés à coudre ou machines en tout genre, effaçant l’esprit par son omniprésence. L’homme lave le cerveau d’une femme, réparant ses rouages; une autre se voile derrière un objet non identifié, source d’incongruité; une autre encore se fait image inhérente d’appareil photo, création artificielle; et une dernière semble montrer les effets de l’intelligence féminine, véritable glaive mettant l’homme en fuite. Flore Kunst s’inscrit ici dans le mouvement pop art, dénonçant le sexisme, le matérialisme et la consommation de masse. Devenant miroir dérisoire de notre société, ses collages mettent en exergue le côté lisse de la femme parfaite détournée comme un simple objet du quotidien.
© Flore Kunst, stimulus résponse
© Flore Kunst, pise-up
© Flore Kunst, pysiognomy
© Flore Kunst, tower bridge
© Flore Kunst, Slapstick
© Flore Kunst, mOsolee
© Flore Kunst, Larry et Barbara
© Flore Kunst, goddess
© Flore Kunst, Ghost rider
© Flore Kunst, Fox from other space
Il serait intéressant de se demander si la représentation que fait Flore Kunst de la femme, ne participe pas à l’aliénation dénoncée. Pourtant, l’utilisation de ces figures emblématiques n’en font pas des prisonnières de la mécanisation de la société. Elles participent au contraire à leur libération, à leur affirmation. Ainsi, les collages de l’artiste s’inscrivent dans la lignée d’Evelyne Axell, considérée comme « L’amazone du Pop Art », avec ses « érotomobiles », ses « homards amoureux », célébrant le féminisme triomphant, un paradis du carton-pâte sur lequel règne un Tarzan résigné qui s’époumone, affichant une silhouette libre et épanouie de la femme, véritable pied de nez au corps-objet.