Erwin Wurm est un artiste autrichien né en 1954 à Bruck an der Mur. Il a étudié la sculpture à la Kunstakademie de Vienne, puis est devenu professeur aux Beaux-Arts de Paris et commissaire d’expositions. Autant d’étapes qui lui ont permis à son tour de devenir artiste.
S’il est un mot qui pourrait caractériser et signer son travail c’est celui de « Wolume » tant l’ensemble de son œuvre est marqué par la questionnement sur la place, la position, l’équilibre et l’encombrement.
À ses débuts, l’artiste se fait remarquer avec ses « Dust pieces », sculptures intégrant comme seule composante la poussière, façonnée et mise en scène sous cloche ou à même le sol, de manière à révéler la présence d’un mystérieux « quelque chose ».
Puis, l’artiste se démarque plus nettement avec ses « One minute figures » et ses « One minute sculptures », performances pendant lesquelles il demande – au moyen d’une notice – aux visiteurs des musées où il expose de prendre une position particulière pendant un instant très court. S’allonger sur des balles de tennis, rester debout sur deux ballons, enfiler dix pulls, placer des cornichons entre ses doigts de pieds ou prendre une chaise à bras le corps… Quelles que soient les instructions, le résultat est le même: un corps contraint à s’adapter, à se mélanger, à prendre une autre forme souvent non naturelle et la création d’une sculpture éphémère et vivante, caractérisée par l’équilibre précaire et la tension. Une méthode que Erwin Wurm applique également à des objets: un canapé dont l’un des pieds tient seulement sur une allumette, une chaise en équilibre sur deux carottes ou encore un bidon de produit ménager placé contre un mur grâce à une simple branche. Autant de tentatives où le Erwin Wurm sculpteur, devient un Erwin Wurm metteur en scène, scénariste ou chef d’orchestre et où objets et humains deviennent une matière à détourner, à réinventer et à sculpter. Ces ready made humains distillent un humour ravageur et un sens de l’absurde réconfortant.
Année après année, les expériences se poursuivent et tous ses essais sur cobayes semblent lui avoir permis de tester une infinité de possibilités et de combinaisons pour atteindre le sommet de son art. Fidèle à son « esprit », ses œuvres plus récentes en sont d’ailleurs la preuve. Toutes rappellent de près ou de loin les premiers travaux de Erwin Wurm. Mais celles-ci sont plus mystérieuses, jouent davantage avec les échelles et sont « remplies » voir « débordantes » de questions et peut-être de critiques. La recherche plastique semble avoir laissé la place à la recherche métaphysique…
Ses « fat cars » ont en effet tout l’air d’être des pieds de nez à leurs propriétaires gavés d’argent et d’orgueil. Ses « fat houses », elles aussi, ont tout l’air d’être le symbole de notre démesure en matière de consommation ou d’urbanisation. À l’inverse, sa maison filiforme nous renvoie plus directement à la notion de privation de moyens et d’espace ainsi qu’à notre capacité à nous adapter. Et d’adaptation il est aussi question avec ses camionnettes et ses bateaux aussi souples que des êtres vivants, eux aussi capables de muter pour occuper l’espace qu’on leur impose.
Et il n’y a pas qu’aux objets qu’Erwin Wurm s’attaque. Dans la lignée de ses premières performances, il compose une collection de personnages bien étranges. S’y croisent un homme ballon, prêt à s’envoler, des mannequins frappés par des déformations résultant d’une opération, d’une maladie ou d’une hallucination ainsi que des fantômes dont seuls les vêtements subsistent. Comme à ses débuts, Erwin Wurm utilise en effet très fréquemment le textile dans son œuvre. Coquille ou seconde peau, il lui sert à habiller « en sur mesure » des silhouettes qui n’ont plus rien d’humain ou à créer des tableaux géants en laine.
Que l’on aime ou que l’on déteste, Erwin Wurm a le génie de rendre toutes ses œuvres à la fois drôles et grinçantes à l’image de cette collaboration récente pour le Vogue allemand avec Claudia Schiffer à qui il demande de reprendre certaines postures de ses « One minute sculptures ».
Aussi bon clown que magicien, à partir des choses les plus concrètes de notre quotidien, il a développé un univers fait d’illusions et de mystères. Celui-ci nous transporte vers le futur de la sculpture comme vers celui de notre société.
Erwin Wurm dispose de son propre site sur lequel sont présentées les photographies de ses dernières expositions. En France, il est représenté par la Galerie Thaddaeus Ropac.