Dawn Mellor est une peintre et dessinatrice née en 1970 à Manchester. Elle vit et travaille à Londres.
Le thème qui traverse le travail de Dawn Mellor est celui de nos icônes contemporaines et du culte qui leur est voué, poussé à son paroxysme. Elle réalise les portraits de célébrités telles que Audrey Hepburn, Michael Jackson ou Alfred Hitchcock. Dawn Mellor s’approprie ces figures mythiques en leur faisant subir différentes violences physiques. Ce faisant, elle fait coïncider dans une même image la représentation de la célébrité avec le revers que celle-ci comporte: le harcèlement.
Dawn Mellor, Audrey Hepburn, 2010, Oil on canvas, 121.92 x 121.92 cm ©
Dawn Mellor, Bloodbath Dorothy, 2008, Oil on canvas, 275 x 340 cm © Courtesy of the artist und Team Gallery, New York
La violence avec laquelle elle traite ces personnages publics renvoie à une histoire très ancienne de la destruction des icônes. Cependant, elle fait aussi appel à un mythe contemporain qui fascine tout autant que celui des stars du cinéma ou de la musique: celui des tueurs en série. La façon dont Dawn Mellor retravaille ses portraits en leur ajoutant des écritures, en redessinant brutalement leurs traits ou en défigurant ses personnages rappelle certaines affaires comme celle du Dahlia noir. Dans l’acte de peindre, Dawn Mellor se métamorphose elle-même en un personnage qui fait partie d’un fantasme collectif entretenu par le cinéma.
Ses images semblent exhumées de la cachette d’un tueur en série ou d’un détraqué sexuel qui, ayant arraché la page d’un magazine, laisse libre cours à sa haine par le dessin, imaginant les différentes souffrances qu’il infligerait à sa victime. Ainsi, Dawn Mellor exploite l’imaginaire du spectateur et le mythe du tueur à l’américaine ce qui nimbe ses œuvres d’une aura énigmatique et inquiétante et les inscrit dans une certaine narrativité. Cependant, ce qui distingue son travail d’actes de vandalisme quelconques tient en partie dans le fait qu’elle est à la fois l’auteur de l’image et du graffiti qui la recouvre.
Dawn Mellor, Bloodbath-Dorothy, Oil on canvas ©
Dawn Mellor, Catherine Deneuve, 2005, Oil on canvas ©
Dawn Mellor, Cigarette Dream Dorothy, 2008, Oil on canvas, 240 x 305 cm ©
Dawn Mellor, Dustin Hoffman, 2010, Oil on canvas ©
Dawn Mellor, Giant Dorothy, 2008, Oil on canvas, 304.08 x 243.84 cm ©
Dawn Mellor, Glenn Close, 2010, Oil, marker pen and oil pastel on canvas, 121.92 x 121.92 cm ©
Dawn Mellor, Hannah Schygulla, 2010, Oil and marker pen on canvas, 60.96 x 50.8 cm ©
Dans certaines de ses peintures, la pratique de l’artiste semble donc se dédoubler. On peut distinguer comme deux intentions contradictoires: la volonté de rendre hommage à une célébrité, par le portrait, et celle de la dénigrer, de l’abolir, par le graffiti. Cependant, les graffitis ou les entailles ne suffisent pas à annihiler ces personnages publics que l’on identifie toujours en tant que célébrités. Ajouts ou mutilations, l’enjeu semble donc être de révéler plutôt que de cacher. Si l’on peut s’imaginer qu’ils ont été réalisés par un maniaque, ils peuvent aussi être considérés comme la matérialisation de la vie intérieure de ces acteurs et actrices, l’expression de leurs peurs, de leurs souffrances ou de leurs propres fantasmes. Audrey Hepburn fait tomber le masque et l’on découvre, contre toute attente, non pas le même visage qui se répète à l’identique, mais un squelette, comme celui qui compose tout corps humain. Par certains aspects, ces portraits peuvent avoir une fonction identique à celles des Vanités. Toutes les chairs sont vouées à la putréfaction, y compris celles des stars hollywoodiennes. Dawn Mellor peut se passer de représenter distinctement la jeunesse et la mort. Les signes de la dégradation suffisent puisque le spectateur a en tête l’image d’origine dans laquelle on voit l’actrice, intacte et au sommet de sa gloire. Les peintures de Dawn Mellor ne se présentent pas seules, elles portent avec elles celles qui les ont inspirées.