Originaires de la Côte Ouest des États-Unis, les Clayton Brothers (Rob et Christian Clayton), diplômés de l’Art Center College of Design à Pasadena, débutent leur collaboration artistique en 1996. Cette coopération se traduit par un véritable travail d’échange, de conception des oeuvres à quatre mains et autant d’yeux. Ils transforment en duo les idées de chacun, les adaptent et les mixent afin de décider conjointement de chaque détail. Un processus de communication artistique non conventionnel: sur le mode  de la charade visuelle, ils se laissent réciproquement des messages, des traces et des indices sur la toile, afin que chacun puisse continuer et reprendre le dessin de l’autre.

Leur style emprunte les codes issus des médias populaires:  l’illustration des fanzines et des trash comics américains, le collage, la publicité ou le muralisme. L’accumulation des couleurs vives dans des motifs ornementaux (fleurs, volutes, plantes, animaux) saturent le cadre. Des accents de fable gore émanent de  ces vignettes à forte portée narrative, tantôt espiègles et amusantes, tantôt sarcastiques et acerbes.

La facture des corps conserve cette touche art naïf qui, inscrite dans une scène étrange ou douloureuse, crée un constraste mordant entre l’enfantin et le cauchemardesque. Un travail riche et dynamique, chargé de gestes et de techniques, de symboles et de métaphores qui s’unissent pour former une cacophonie réglée, allégorique et absurde.

Tout comme Mark Ryden,  Eric White ou Pat Perry, ils appartiennent au courant pop surréaliste américain « Lowbrow Art », ce qui signifie littéralement « front bas ».  Ce courant fait voeu d’humilité: humilité des formes, des matériaux et des codes esthétiques dans une nouvelle tentative pour produire un art populaire de notre temps. Cette expression a été construite d’après son contraire highbrow (« front haut ») qui désigne l’expression présomptueuse et hautaine que peuvent prendre les amateurs d’art contemporain les plus détestablement élitistes. Ces « artistes qui font profil bas »  se réapproprient tout ce qui n’est pas considéré comme appartenant au monde des « beaux-arts ».