La Maison Européenne de la Photographie présente en ce moment l’œuvre du photographe Claude Nori dans une grande exposition, et ce jusqu’au 4 novembre 2012. Photographe mais aussi éditeur, Claude Nori est une figure bien particulière et très riche en émotions; il a photographié les plus belles filles d’Italie et mis à l’honneur les plus grands photographes, de Jeanloup Sieff à Willy Ronis. Commençons par ses photographies…
© Claude Nori, Portofino, 1983
« Les désirs sont déjà des souvenirs ». Ainsi commence le catalogue jaune soleil de l’exposition, et cette phrase est l’empreinte de l’œuvre de Claude Nori, œuvre qui célèbre la beauté, la jeunesse, le temps des vacances, le soleil, l’amour et la sensualité. Le mot « souvenir » résonne non pas de manière mélancolique, mais bien au contraire, comme l’essence d’une photographie de l’instant, du fugitif, de ce qui est trop beau pour qu’on le laisse passer sans pouvoir le retenir. Claude Nori offre ses vacances italiennes sur un plateau, où les filles sont toutes plus belles et plus troublantes les unes que les autres, où le soleil brille toujours plus fort, et où les glaces sont la seule nourriture apparemment disponible. La peau cuivrée, tendue, les muscles saillants des jeunes garçons, les longs cheveux des filles: festival de beauté et de jeunesse, les photographies de Claude Nori sont une véritable célébration de la vie. En visitant l’exposition, on ne peut s’empêcher de se demander si le photographe a couché avec les beautés qui apparaissent dans ses œuvres… Cette tension est intéressante car elle est le révélateur d’une puissante sensualité qui met le spectateur en émoi et qui transforme la visite en parcours charnel.
Pour plonger votre tête brûlante de désirs dans l’eau froide, rendez-vous de l’autre côté de l’exposition, où la carrière d’éditeur de Claude Nori est présentée. C’est en 1975 avec la création des éditions Contrejour que l’aventure éditoriale commence. Il remettra à l’honneur de nombreux photographes humanistes dont les très grands Jeanloup Sieff, Robert Doisneau, Willy Ronis et de nombreux autres; l’exposition a sélectionné de nombreuses photographies de différents auteurs, l’occasion pour le visiteur de se perdre dans des clichés souvent somptueux, reliés uniquement par le regard de Claude Nori, ce regard qui les a choisi et les a fait participer à ses éditions.
© Claude Nori, Amore Mio, 1983
© Claude Nori, Ali Terme, Sicile, 1983
© Claude Nori, Portofino, 1983
© Claude Nori, Rimini, 1983© Claude Nori, Biarritz, 1995
© Claude Nori, Biarritz, 1995
On retiendra surtout de l’exposition la photobiographie de Claude Nori, artiste qui puise dans la simplicité de son quotidien et de ses vacances une beauté infinie et éternelle; il offre comme un retour aux sources, et en contemplant ses photographies, l’art apparaît au spectateur comme le complément indispensable de la beauté. Il en est le complément car il la fixe dans le temps et la retient; ces jeunes filles se sont peut-être fanées, ont sans doute perdu de leur brillance, et pourtant elles restent des étoiles dans le firmament de la vie de Claude Nori, et désormais dans la notre, car on ne peut oublier ces yeux pétillants, les cheveux mouillés et les maillots de bains moulants… Et « les désirs sont déjà des souvenirs ».