Formé à l’Université de Yale et à l’Art Institute de Chicago, Claes Oldenburg (né en 1929 à Stockholm) s’installe à New York en 1956. Il est alors influencé par les écrits de Dubuffet et de Céline. D’emblée, il opte pour un art populaire, en rupture avec l’expressionnisme abstrait, le Hard Edge Painting (mouvement qui recueillait l’héritage des écoles cubistes d’avant guerre) alors dominant à New York.
Dès 1959, à la veille de l’émergence du Pop Art, il présente ses premières sculptures en plâtre peint ou en papier mâché. Ses répliques d’objets de consommation, à échelle quasi identique, dressent l’inventaire de notre société. Aliments, vêtements, fragments du corps et pièces de mobilier, sont alors réunis dans son atelier The Store transformé en magasin et ouvert au public.
En 1962, Claes Oldenburg invente le concept des sculptures molles. Il s’agit encore de l’appropriation d’objets du quotidien, mais agrandis et façonnés par l’utilisation de revêtements souples, comme le vinyle ou la toile.
Tout au long de sa carrière, Claes Oldenburg use en alternance de deux stratégies, soit l’agrandissement d’objets populaires, soit leur assouplissement au moyen de matériaux déformables, qui leur confèrent un aspect humain: la souplesse des textures fait songer à la chair. Cette stratégie monumentale a pour effet de théâtraliser l’espace du spectateur en bouleversant la perception de l’échelle et de la matière d’objets artistiques. La prise de possession de l’espace public modifie profondément la perception de la sculpture. Il ne s’agit plus seulement d’occuper un espace, mais de modeler aussi l’espace intime du spectateur en opérant une forme de pression ou d’agression.