Caleb Charland est un jeune photographe qui a grandi dans le Maine, aux Etats-Unis, où il a passé une bonne partie de son enfance à aider son père à réaménager leur maison familiale. C’est en grande partie ainsi que sont nées sa créativité et sa puissance d’imagination.
Le travail de Caleb Charland se distingue par un goût prononcé pour les sciences physiques et l’observation. Ses photographies montrent, en effet, des vues astronomiques, des reproductions de systèmes solaires ou encore des scènes où l’artiste s’interroge sur l’utilisation de la lumière et de la matière. Chaque fois, ce qui prévaut, c’est un intérêt prononcé pour l’expérience. Il s’agit de voir, et de donner à voir. Pour ce faire, l’artiste n’a de cesse de monter des expériences scientifiques, comme pour provoquer la réalité. L’idée, par exemple, de laisser germer des bactéries sur la surface d’un film plastique est exemplaire du travail artistique que mène à bien Caleb Charland depuis maintenant plusieurs années, où l’observation et l’expérience scientifique ont partie liée avec la recherche esthétique.
La photographie se transforme alors en quelque chose d’autre que le simple témoignage d’un instant ou d’un moment figé. C’est également une preuve de vie. Par son travail l’artiste nous rappelle ce que nous avions peut-être oublié, à savoir, qu’en dehors de l’homme, la nature et l’univers se meuvent en suivant des lois et des principes physiques définis.
Le beau dérive alors aussi bien de l’infiniment petit que de l’infiniment grand et fait prendre conscience au spectateur de ce que sont les systèmes, les découvertes et les inventions. Les différentes séries de photos de Caleb Charland recréent, en fin de compte, un lien entre les arts et les sciences. Cette tâche apparait d’actualité, au moment où les avancées scientifiques paraissent se produire sans les citoyens, où les nouvelles technologies concernent tout le monde mais où personne n’est capable d’en expliquer le fonctionnement. Le travail de l’artiste, en ce sens, présente l’intérêt majeur de faire pénétrer le spectateur dans l’intimité d’une démarche scientifique qui s’expose et s’exhibe sous l’objectif photographique. Il ne s’agit pas d’un travail de vulgarisation. Ce serait le cas si nos sociétés, à l’écoute des chercheurs, se laissaient conter les savoirs scientifiques par véritable intérêt coginitif. Nos sociétés, hélas, ne sont à l’écoute ni des chercheurs ni de la science et ne fondent leurs opinions que sur l’efficacité a posteriori des objets qui lui sont présentés. L’art serait donc l’unique moyen de faire rentrer de nouveau la science dans le foyer de nos préoccupations contemporaines, et les photos de Caleb Charland l’exemple de ce que pourrait être la naissance d’une curiosité scientifique chez le spectateur, grâce à une certaine émotion artistique.
Dans une conférence prononcée sur l’exploration robotique de l’univers il y a peu à la Fondation Juan March à Madrid, le chercheur Héctor Guerrero Padrón concluait en rappelant que tout scientifique avait une responsabilité envers la société: celle de vulgariser ses travaux afin de la tenir au courant des avancées de l’humanité. Caleb Charland ne semble ainsi pas faire autre chose ici que de faire prendre conscience à l’humanité de ses propres progrès.