Blaise Arnold est un photographe français amoureux du passé. Dans sa série de clichés Stories il réalise des portraits qui nous transportent dans des histoires d’époques. Des individus méticuleusement mis en scène dans des décors parfaitement détaillés. Ces images étonnantes de réalisme sont caractérisées par une certaine nostalgie et construites comme de véritables toiles. Un travail de plusieurs mois, voire des années pour proposer un personnage face à l’objectif avec en arrière-plan le déroulement d’une scène particulière. Chaque spectateur imagine alors sa propre histoire.
B!B! : Blaise, peux-tu te présenter aux lecteurs de Boum! Bang! ?
Blaise : Je suis photographe. Je suis diplômé de l’Ecole Estienne.
B!B! : Peux-tu nous présenter ta série Stories ?
Blaise : C’est une série de portraits de personnages d’époques révolues où tout est reconstitué dans les moindres détails.
B!B! : Comment se déroule la réalisation pour chacune de ses photographies ?
Blaise : Il y a pas mal de recherches, en accessoires, stylisme, véhicules et puis des recherches historiques, et enfin le casting. Shooting, puis retouches, assez classique comme processus. Le tout pouvant s’étaler sur une longue période, j’ai la chance de ne pas avoir de contrainte de temps, j’en profite.
B!B! : Quel matériel photographique utilises-tu ?
Blaise : J’utilise ou un Hasselblad H3D39 ou un Nikon D850.
B!B! : D’où viennent ces noms et personnages ?
Blaise : Certains noms viennent de personnes que j’ai connu, d’autres sont réels surtout quand leur vie ou leur actes sont respectables et d’autres sont inventés, créés sur des bases de personnages d’époques ou de personnages de films.
B!B! : Quel personnage t’a particulièrement intrigué ?
Blaise : C’est difficile de répondre à cette question, d’autant que certaines personnes qui ont posées sont très proches de moi, des membres de ma famille par exemple, à ce moment là c’est difficile savoir pourquoi on aime une image plus qu’une autre. On l’aime pour la personne qu’elle est ou pour la personne qu’elle représente. La frontière est mince. Disons qu’en terme d’émotion, c’est peut-être Pierrette Filloux, l’infirmière, l’uniforme de la photo est celui de ma grand-mère et il est porté par ma femme.
B!B! : Quels sont les artistes qui t’inspirent pour cette esthétique visuelle ?
Blaise: Pour les images faites en France, il y a Tardi, le dessinateur, parfois Caillebotte quand je remonte plus dans le temps, et tous les cinéastes tels que Jean Renoir, Grémillon, Verneuil et tant d’autres. Pour les images faites aux US, il a Hopper évidemment, Norman Rockwell, Vivian Maier, Dorothea Lange, John Ford entre autres.
B!B! : Tu sembles être toujours en quête d’éléments appartenant au passé, pourquoi ?
Blaise : C’est difficile à expliquer même pour moi, je me demande si ce n’est pas simplement une question d’esthétique, il est probable que je trouve une Traction plus jolie qu’une C3, un tailleur des années 1950 plus joli qu’un jogging. Et puis les objets anciens sont porteurs pour moi de plus d’émotions.
B!B! : Quel est l’image qui te touche le plus dans ta série ?
Blaise: Peut-être l’image de la fermière Mme Lenoir, parce qu’elle a le regard juste et l’émotion la plus vraie il me semble.
B!B! : Un projet à venir ou en cours de réalisation ?
Blaise: La suite de la série, j’ai encore pas mal d’images en préparation, il faut donc les réaliser.
B!B! : Les chroniqueurs de Boum! Bang! ont pour habitude de terminer leurs interviews par une sélection de questions issues du questionnaire de Proust. En voici quelques-unes librement adaptées :
B!B! : Si tu devais changer de métier, lequel ?
Paléontologue, c’est ce que je voulais faire avant de devenir photographe.
B!B! : Quel artiste aimerais-tu rencontrer de son vivant ?
Robert Plant.
B!B! : Ta qualité chez une personne ?
Ponctualité et humour.
B!B! : Ton photographe préféré ?
Pas facile de n’en choisir qu’un, disons Irving Penn, pas très original mais il est tellement bon et dans tellement de domaines, nature morte, portraits, ethno, mode.
B!B! : Ton héros préféré dans la fiction ?
Indiana Jones.
B!B! : Un objet qui te paraît indispensable ?
Un appareil photo.
B!B! : Quel don aimerais-tu avoir ?
Voyager dans le temps… Je vendrais mon âme au diable pour ça !
B!B! : Le son que tu préfères ?
Le déclenchement de mon Leica M2.
B!B! : Ton peintre préféré ?
Edward Hopper.
B!B! : Ton idée du bonheur ?
Une carbonnade flamande, une Bellevue à la cerise le tout dans un petit bistrot ouvrier en Belgique avec un pote.
B!B! : Comment souhaites-tu mourir ?
Dans mon sommeil et en bonne santé!
B!B! : Et pour finir si je te dis « Boum! Bang! », tu me dis ?
C’est un peu sommaire, mais c’est efficace!