Les peintures et les collages géométriques de Beatriz Milhazes, artiste brésilienne née en 1960 à Rio de Janeiro, ne sont pas que des patchworks de formes et de couleurs. Riches de matières, de techniques et d’influences, ils sont le reflet de son expérience, de sa culture et de celle de tout un pays auquel elle semble très attachée. Psychédélique pour certains, féminin pour d’autres, son univers extrêmement reconnaissable jaillit sur ses toiles, mais aussi sur d’autres supports, comme une sorte d’énergie contagieuse et euphorisante. Inconditionnels du noir et blanc, un conseil, allez voir ailleurs.
Beatriz Milhazes dans son studio photographiée par Joao Wainer, 2008 © Beatriz Milhazes, Fondation Beyeler, Joao WainerBeatriz Milhazes dans son studio photographiée par Luis Gomes, 2007 © Beatriz Milhazes, Fondation Beyeler, Luis Gomes
Faites de compositions associant des fragments colorés créés en suivant différents procédés, les œuvres de Beatriz Milhazes paraissent inspirées de l’artisanat et des arts décoratifs d’Amérique latine. Ses méticuleux assemblages peuvent en effet faire penser à des mosaïques. Ses juxtapositions de couleurs si vives rappellent les costumes de carnaval. Ses motifs simples, parfois presque enfantins, évoquent quant à eux des fresques de rue. Pour certains enfin, sa façon de répéter et de multiplier les formes et sa manière de superposer des couleurs aussi différentes seraient inspirées des musiques et des danses du Brésil.
Beatriz Milhazes semble également influencée par la nature luxuriante de son pays. Ses grands segments verticaux tels des troncs dessinent des forêts impénétrables. Leur branchage et leur feuillage forment des arabesques dont l’artiste se sert comme motif majeur dans certaines de ses œuvres. D’ici de là, dans cette jungle de couleurs et de motifs, fleurissent des plantes géantes ou apparaissent des soleils éblouissants. Parfois, c’est un véritable bouquet que l’artiste nous donne à voir. Parfois même, le sujet principal du tableau est une seule et même fleur. Composée de dizaines de pétales de couleurs différentes, ses contours se perdent dans un fond tout aussi riche où des motifs naïfs comme des cœurs ou des étoiles pullulent.
Parler d’influences, c’est aussi évoquer tous les artistes qui semblent avoir déteint sur Beatriz Milhazes. En effet, lorsque l’on est face à l’un de ses tableaux, difficile de ne pas penser aux grandes compositions circulaires et vibrantes de Robert et Sonia Delaunay ou aux toiles abstraites de Fernand Léger. Impossible également de ne pas penser à Henri Matisse pratiquant, comme elle, le collage mais donnant à ses fragments des formes humaines ou en tous les cas plus figuratives. Les compositions géométriques de Paul Klee ou de Piet Mondrian ne semblent pas très loin non plus. On pense également à Bridget Ryley lorsque l’on observe certaines de ses toiles dont l’énergie est transmise par des formes colorées et ondulantes. Et d’énergie il est bien question lorsque l’on compare le travail de Beatriz Milhazes à celui de Vassily Kandinsky. Tous deux semblent avoir en commun cette conjugaison des harmonies et des dissonances créant une vie et une dynamique interne à leurs œuvres.
Beatriz Milhazes, Mariposa, 2004 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Moreno, 2005 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Nega Maluca, 2006 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Diamante Negro, 2006/2007 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Dancing, 2007 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Modinha, 2007 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Window installation as part of survey exhibition Beatriz Milhazes Estacao Pinacoteca Sao Paolo Brazil , 2008 © Beatriz MilhazesBeatriz Milhazes, Ice Grape, 2008 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Mulatinho, 2008 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Sugar, 2008 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Brinquelandia, 2008 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Canela, 2009 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Domingo, 2010 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Window Mural at Stephen Friedman Gallery, 2010 © Beatriz Milhazes
Vue de l’exposition de Beatriz Milhazes à la Fondation Beyeler de Bâle incluant « Summer Love », « Autumn Love », « Winter Love » et « Spring Love », 2010 photographie de Serge Hasenbohler © Beatriz Milhazes, Fondation Beyeler et Serge HasenbohlerBeatriz Milhazes, Spring Love, 2010 © Beatriz MilhazesBeatriz Milhazes, Gamboa Seasons, 2010 © Beatriz MilhazesBeatriz Milhazes, Mel, 2010 © Beatriz Milhazes
Pour donner naissance à ses œuvres, Beatriz Milhazes utilise des techniques différentes. Parmi celles-ci, le « transfert » consistant à peindre un motif au verso d’une feuille de plastique transparent et à ensuite la coller sur une toile. Une fois la peinture sèche, la feuille de plastique est retirée, laissant le motif transféré sur la toile. Une technique créant parfois de légers défauts provoqués par le transfert et qui donne une âme et un relief supplémentaires à ses toiles. Beatriz Milhazes a également choisi la pratique du collage. Elle emploie d’ailleurs une grande diversité de papiers allant de l’emballage (sucreries, chocolats ou cigarettes) aux morceaux de sacs de grandes enseignes en passant également par des papiers irisés ou du vinyle.
Beatriz Milhazes, Cacau, 2011 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Carlyle, 2011 © Beatriz Milhazes
La production artistique de Beatriz Milhazes est à l’image des ses œuvres: riche. L’artiste brille ainsi dans différentes disciplines comme le design textile, l’édition ou la sculpture. Elle a d’ailleurs créé un immense mobile composé de milliers d’éléments (fleurs artificielles, miroirs, anneaux dorés, guirlandes de perles…) pour servir de décor à l’un des spectacles de la compagnie de danse de sa sœur.
Beatriz Milhazes, Gamboa Seasons, 2010 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Set Design for Tempo de Verao (Summertime) by Marcia Milhazes, 2006 © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes, Peace and Love, 2005 – Gloucester road station project à Londres © Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes est représenté par la James Cohan Gallery.