Un entretien Boum! Bang!
Originaire de Toronto, l’artiste canadienne Barbara Cole expose ses œuvres dans le monde entier. Elle a également fait des installations à l’hôpital Princess Margaret Cancer Centre de Toronto et à Trump Hollywood en Floride. Au cours de sa carrière, Barbara Cole a remporté de nombreux prix, comme le Grand Prix du Festival International de la Photographie de Mode en 2008 à Cannes mais également le Troisième Prix du International Photography Awards à New York en 2009. Depuis plusieurs années, l’artiste s’intéresse tout particulièrement au milieu aquatique, « qui recentre et réinterprète mon esthétique picturale […] et me donne la possibilité de jouer avec les notions de temps et de lieu » explique-t-elle sur son site. Entretien avec cette photographe aux travaux composites, entre photographie et peinture.
© Barbara Cole, Portrait
B!B!: Comment êtes-vous parvenu à la photographie et quel est votre parcours artistique?
Barbara Cole: J’ai débuté la photographie lorsque j’étais rédactrice de mode dans un magazine hebdomadaire. Je n’ai pas formellement suivi de formation, mais j’ai toujours été impliquée dans des projets artistiques. Produire un thème sur la mode pour qu’il soit ensuite publié chaque semaine a été une grande formation. Je fais cela bien et les staff photographes m’ont encouragé à faire cela à plein temps.
B!B!: Quelles sont vos influences?
Barbara Cole: Sarah Moon a été la première personne à m’inspirer sur les possibilités de la photographie. Il y a aussi, mais dans une moindre mesure, Deborah Turbeville et plus tard Dominique Isserman. La danse est une autre grande influence. J’aime regarder la façon dont les corps se déplacent ensemble et je prends ainsi note de l’éclairage.
B!B!: Comment décririez-vous votre travail?
Barbara Cole: Je dirais que mon travail est un hybride – avec une partie photographie et une partie peinture. J’utilise tous les éléments qu’il m’est possible d’utiliser pour être en mesure d’obtenir le look que je souhaite. Dans mes dernières œuvres, regroupées dans une série intitulée « Miroir d’eau », j’utilise du Collodion humide, le « Hand Colouring » et des photographies prises avec mon iPhone.
B!B!: Parlez-moi de votre technique.
Barbara Cole: Mes techniques sont secrètes et développées depuis de nombreuses années de dur labeur.
© Barbara Cole, série « Chromatics », Think Pink, 2011
© Barbara Cole, série « Chromatics », Cloud Study, 2011
© Barbara Cole, série « Chromatics », Playing With Fire Lenticular, 2011
© Barbara Cole, série « White Noise », Duet Lenticular, 2008
B!B!: Vous avez réalisé bon nombre de séries de photographies sous l’eau. Le sens de la réalité y est altéré et rend vos travaux abstraits. Parlez-moi de votre relation avec cet élément, souvent présent dans votre travail.
Barbara Cole: J’ai toujours aimé l’eau mais ai cessé de nager au lycée. À la vingtaine, j’ai eu d’horribles migraines. Un médecin m’a recommandé la natation pour m’étirer les muscles. J’ai fait de la natation jusqu’à la trentaine. J’ai nagé avec des lunettes et j’ai souvent vu de belles images incroyables sous l’eau. Mon travail sous l’eau est une tentative de saisir cela.
B!B! : Parlez-moi de votre dernière série « Duplicity ».
Barbara Cole : « Duplicity » émane d’une découverte des multiples. Sous l’eau, il y a une multiplication des reflets que j’ai utilisé aussi bien que d’autres choses. Ce fut très dur pour mes modèles parce qu’ils devaient s’allonger sur le dos et l’eau entrait régulièrement dans leur nez. C’était douloureux.
© Barbara Cole, série « Duplicity », Impersonation, 2013
© Barbara Cole, série « Duplicity », Vanities Lenticular, 2013
© Barbara Cole, série « Duplicity », Fugitive, 2013
B!B! : Quels sont vos futurs projets?
Barbara Cole: Mon prochain projet – que j’ai travaillé pendant plus d’un an – s’appellera « Miroir d’eau » ou « Water Mirror ». C’est la première fois que je ne photographie pas sous l’eau depuis treize ans. Bien que je ne sois pas dans l’eau, ce nouveau travail tourne autour de cet élément. Je l’exposerai à Toronto en Novembre.
B!B!: Donnez-moi votre vision du monde.
Barbara Cole: Mon point de vue est peut-être simpliste et très naïf. Je pense que si les gens pouvaient travailler avec des compromis en ne se sentant pas tous avec tels ou tels droits, il pourrait y avoir plus d’harmonie. Je n’ai pas un sentiment très optimiste pour le moment. Les groupes terroristes semblent gagner. Je pense que les États-Unis ont un mauvais esprit. Au lieu de faire la guerre et tuer des gens, ils devraient utiliser toutes leurs ressources pour construire des écoles, des hôpitaux et donner accès à l’eau potable. Dès lors, les gens d’Afghanistan, d’Irak, etc. nous regarderaient d’une autre manière.
© Barbara Cole, série « White Noise », Interval Lenticular, 2008
© Barbara Cole, série « White Noise », Pantomime Lenticular, 2008
© Barbara Cole, série « Two People », Consolation Lenticular, 2012
© Barbara Cole, série « Two People », Yes/No Lenticular, 2012
B!B!: Décrivez-moi une journée type.
Barbara Cole: Je n’ai pas vraiment de journée typique. La seule chose qui reste constante, c’est que j’essaye de nager régulièrement et que je prends le petit déjeuner avec mon mari en lisant quelques journaux. Ensuite, je peux aller à l’atelier, dans une galerie d’art, rester à la maison ou encore déjeuner avec un ami.
B!B!: Si vous pouviez vous réincarner…
Barbara Cole: Je ne crois pas en la réincarnation. Une vie est amplement suffisante pour moi.
B!B!: Si vous étiez un photographe célèbre, qui seriez-vous?
Barbara Cole: Edward Steichen.
B!B!: Une œuvre d’Art ?
Barbara Cole : « A Bigger Splash » de David Hockney, datant de 1967.
B!B!: Un personnage historique?
Barbara Cole: Gloria Steinem.
B!B!: Un animal?
Barbara Cole: Un chat.
B!B!: Un livre?
Barbara Cole: « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee.
B!B!: Un film?
Barbara Cole: « Bonnie and Clyde » d’Arthur Penn.
B!B!: Une chanson?
Barbara Cole: N’importe quelle chanson écrite par les Beatles.
B!B!: Si vous pouviez inviter dix personnes, décédées ou vivantes, à dîner, qui seraient-elles?
Barbara Cole: Vous ne le saurez pas!
B!B!: Et si je vous dis « Boum! Bang! »?
Barbara Cole: Ce qui me vient à l’esprit lorsque vous me dites « Boum! Bang! », c’est qu’une grande performance est sur le point de commencer.