Née en 1963, c’est au début de l’adolescence qu’Antoine Schneck découvre la photographie en trouvant un appareil photo Kodak chez ses parents. Voyant ces derniers prendre leurs propres photos de famille, il décide de se lancer et achète le manuel « La photographie en 10 leçons » avant de se mettre à prendre lui-même des clichés en noir et blanc.
Passionné par la photographie c’est pourtant vers l’architecture qu’il se tourne avant d’intégrer l’Ecole Louis Lumière. Il apprend à maîtriser et éclairer l’espace dans lequel il travaille. Il sera successivement cameraman pour la télévision et photographe pour des magazines. C’est à trente ans qu’il va décider de se consacrer pleinement à sa passion d’enfant. Un ami lui propose de l’accompagner en Afrique à la rencontre d’un chaman près du Burkina Faso. Et c’est là-bas qu’il va commencer à travailler, libéré des contraintes techniques et des sujets imposés par sa profession, pour ramener par la suite plus de 300 clichés où s’exprime sa « patte ».
N’hésitant pas à retoucher ses images, à faire du collage, à manipuler les formes, l’artiste part du principe que les photographies qu’il prend sont comme une matière molle qu’il lui appartient de sculpter à l’aide de tout ce que la technique peut lui apporter comme moyens. Les images qui nous sont données à voir ne sont en effet pas tout à fait des photographies, en tout cas pas au sens traditionnel du terme. Il faudrait peut être, pour les situer, les localiser quelque part entre le trompe l’oeil (parce qu’elles sont manipulées pour rendre compte de ce que l’oeil, et non l’objectif, voit) et les plis les plus intimes du réel (parce qu’il n’y a pas de pollution extérieure, tout est centré sur l’essence d’un sujet comme suspendu hors du temps et de l’espace: substantifique moëlle enfin révélée).
Loin des portraits habituels, Antoine Schneck cherche des visages expressifs mais surtout naturels. En effet, il ne souhaite pas capturer une expression particulière mais à valoriser les reliefs du visage. Il installe pour cela ses modèles sur une chaise devant un fond noir, dans une tente de tissu blanc afin d’avoir une lumière régulière. Puis il va s’installer à l’extérieur de la tente, laissant l’objectif de son appareil pénétrer dans la pièce grâce à un trou réalisé dans le tissu. L’absence supprimant l’intermédiaire entre le spectateur et le sujet va lui permettre de capturer ce moment de neutralité où le visage s’abandonne à lui-même. L’artiste ne souhaite pas dénoncer ou raconter quelque chose, il veut juste apprendre au spectateur à regarder et observer l’Homme. C’est-à-dire à regarder une vérité que les poses de corps trop habitués aux photographies comme représentations d’une certaine idée conventionnelle camouflent.
En 2010, il présente une série de portraits de chiens. Pendant deux ans il va immortaliser 69 races de personnalités. D’Yves Saint-Laurent en passant par François Mitterrand ou José Garcia, ces étonnants clichés permettent d’observer par la même occasion le rapport « chien-maître ». Le labrador est l’ami du politicien, le bâtard le symbole du dandy tandis que le bouledogue français s’associe encore et toujours à la mode.
Un an plus tard, Antoine Schneck va présenter une nouvelle approche de son art avec la série « Les Gisants », réalisée à la Basilique Saint-Denis. Le spectateur découvre des Rois et des Reines qui captent et suivent notre regard grâce à un astucieux montage. En effet si on regarde vers le bas, ce sont les dessus des pieds qui apparaissent mais lorsque l’on regarde vers le haut c’est alors le dessous du visage qui se dévoile. Le fond noir accentue cette idée de suspension entre l’espace et le temps et la taille des clichés permet de découvrir la finesse des traits.
À travers toutes ces photographies d’hommes et de femmes de tous les continents, avec ses portraits d’animaux ou d’objets,Antoine Schneck a toujours le même but: apprendre au spectateur à observer. Sans être perturbé par un décor, ce dernier va découvrir des portraits uniques, chargés d’histoire et d’émotion. La richesse des visages et la prise de vue offrent une ouverture sur l’âme du sujet.
Les photographies d’Antoine Schneck sont visibles à la Galerie Berthet-Aittouarès.
Galerie Berthet-Aittouarès
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75006
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