Artiste français, né à Lyon en 1961, Alain Bublex propose un travail conceptuel et plastique inclassable, qui emprunte à la fois au carnet de voyage et à l’utopie.
Pour comprendre le travail d’Alain Bublex, il faut avoir connaissance de son expérience dans le design automobile, à la sortie de son école d’art. Cette expérience dans l’industrie le laissera déçu, mais marquera l’ensemble de sa pratique ultérieure. Tout commence chez Alain Bublex par le déplacement, et la voiture fait ici office de médium, au même titre que l’appareil photo, pour rendre compte des visions fugaces et fragmentées du voyage.
Ces petits morceaux de paysages, ces « Arrêts Soudains » d’après le titre d’un de ses projets, Alain Bublex les complète de fictions architecturales, par insertions de dessins d’une incroyable précision (autre trace de son passage par le design industriel). Souvent, ces fictions partent de projets utopiques laissés en cours par d’autres artistes.
Plug-in City (2000) par exemple, s’appuie sur les idées de Peter Cook, membre du studio de design Archigram, qui, en 1964, avait imaginé une ville modulaire, constituée de grandes structures sur lesquelles viendraient se greffer des unités mobiles. Alain Bublex a matérialisé en images l’utopie de Cook dans une série de paysages mi-réels mi-fictifs.
Le projet Plan Voisin de Paris prend lui pour point de départ le fantasme de renouvellement urbain formulé par Le Corbusier dans les années 1920-1930. L’idée : transformer le centre de Paris en ville verte, résidentielle, et installer les activités économiques en périphérie. Alain Bublex, prenant au mot la proposition du Corbusier, a réalisé une série de vues fictives de ce périphérique apocalyptique, saturé de signes et de mouvements.
Les projets d’Alain Bublex sont de complexes fictions qui se déploient sur plusieurs supports : photographie surtout mais également, maquettes, cartes, prototypes, documents… Pour son premier projet « Glooscap », Alain Bublex imagine de toutes pièces une ville, et présente un ensemble de « fakes » témoignant de son existence et de son histoire : de la première carte sur parchemin aux photos numériques de paysages urbains. Alain Bublex conçoit comme des installations ses expositions personnelles, où sont réunies tous les objets relatifs à un même projet. Pour autant, comme souvent en art contemporain, l’idée générale du projet, si elle n’est pas expliquée, peut rester inaccessible au spectateur qui peut croire se trouver face à des projets d’architecte ou dans une salle de musée municipal.
Chez Alain Bublex, l’œuvre est chantier, recherche, idée en cours. S’il se revendique artiste « par défaut », c’est moins par pose, que pour exprimer l’idée que l’art est le domaine où, avec son talent de designer-ingénieur, il peut explorer, tester, imaginer, hors des contraintes de la production industrielle.