Au Royaume-Uni, un type déguisé en Batman s’est pointé dans un commissariat avec un suspect de vol recherché par les services de police, avant de disparaître aussi sec. Lorsqu’une telle information crépite dans mon poste de radio, j’ai comme le sentiment d’être envahi par une vague d’Espoir et d’Amour pour le genre humain. J’aurai aimé ne jamais connaître le fin mot de ce fait divers, rester dans l’ignorance de la supercherie et croire de nouveaux au super-héros. Et puis ça aurait été une introduction idéale à la présentation du travail de Agan Harahap.
Une oeuvre bercée d’une certaine nostalgie, comme deux mains positionnées en coupole pour entretenir et raviver quelques instants la flamme du souvenir. Mais que peut-donc évoquer la superposition de la réalité historique avec les actions de célèbres personnages de fiction? Cette série n’est-elle qu’une vaste blague, ou un appel à l’Espoir?
Au premier regard, la « Super Histoire » de Agan Harahap peut apparaître comme un pied-de-nez à l’histoire de notre monde. En effet, on y voit Superman accompagnant les troupes alliées lors du débarquement de Normandie, ou encore sauver les oeuvres d’art volées par les Nazis. Le héros de V pour Vendetta ramène une escouade de soldats allemands sous la menace de ses couteux dans le secteur de Taret de Ravenoville. Ce brave Batman réalise l’inspection des parachutistes participant au tout premier assaut sur le continent Européen. Et impossible de ne pas être interloqué quant à la présence de Dark Vador à la conférence de Yalta, entre Churchill, Roosevelt et Staline.
En insérant des icônes de la culture Pop au sein de photographies d’évènements historiques majeurs, que fait donc ce cher Agan Harahap? Il semblerait que l’artiste nous invite à reconsidérer notre propre passé, et plus particulièrement la manière dont nous nous en souvenons. Si le premier regard nous piège, et nous fait momentanément croire à l’existence de ces personnages, le deuxième, lui, nous lance dans une réfléxion interne gravitant autour d’innombrables « et si… ». Et si Superman avait existé et combattu auprès des troupes, la guerre n’aurait-elle pas été aussitôt réglée? Qui sont les véritables héros de la guerre? Devrions-nous les considérer comme nos propres Super-héros?
Afin d’obtenir la réponse à certaines de ces interrogations, nous vous renvoyons à l’excellent roman graphique (et son adaptation cinéma) intitulé « Watchmen: les Gardiens » par le scénariste Alan Moore, le dessinateur Dave Gibbons et le coloriste John Higgins. On y voit certains Super-héros prendre part à la Guerre du Vietnam. Il est donc possible d’y découvrir toutes les retombées qui en découlent, positives comme négatives. La place du Super-héros dans la société, et la vaste métaphore dont il est l’objet sont au tout pemier plan de cette histoire dont les vues ne sont pas sans rappeler celles du créateur sur lequel nous nous penchons aujourd’hui.
Il vous est possible de retrouver les différents travaux de l’illustrateur et photographe indonésien et d’en suivre l’aboutissement via la plate-forme Flickr. Jetez un oeil avisé à l’album « My Celebrity Friends » et surtout au cliché où l’on aperçoit notre créateur en compagnie de Khadafi. Votre dévoué rédacteur a hésité avant de pousser l’enquête plus en avant, de peur de détériorer sa propore âme. Il s’avère en réalité que l’artiste continue ses pérégrinations dans l’univers de la photomanipulation, et continue à nous troubler pour notre plus grand bonheur.