Un entretien Boum! Bang!

L’artiste allemand Toni Spyra, installé en Autriche, s’amuse à créer des œuvres originales avec des objets du quotidien qu’il fusionne entre eux et réalise également des installations dans les différents lieux qu’il parcoure. Son art du détournement est toujours empreint d’humour et de poésie. Il expose ses travaux à Berlin au Rumpsti Pumsti (Musik) à la fin du mois et à la Galerie-Halle de Linz en Autriche à partir du 17 décembre 2014.

Toni Spyra, Autoportrait© Toni Spyra, Autoportrait

B!B!: Quel est votre parcours artistique?

Toni Spyra: Je n’en ai pas. Je suis un autodidacte, j’ai donc appris par la pratique.

B!B!: Où puisez-vous vos influences?

Toni Spyra: Dans la société de la classe ouvrière.

B!B!: Vous combinez des objets de notre quotidien pour en faire des objets hybrides et poétiques. Comment vous est venue cette idée?

Toni Spyra: Mon travail se concentre sur le questionnement de l’utilisation des choses ordinaires. Pourquoi sommes-nous satisfaits de la familiarité des choses que nous connaissons? Pourquoi ne nous demandons pas ce qu’il reste de possible? Je suis intéressé par des combinaisons inhabituelles. Par exemple, comment un objet qui symbolise quelque chose de spécifique prend soudainement un tout autre sens avec une petite modification.

B!B!: Vous créez également dans des endroits publics… Parlez-moi de ce projet.

Toni Spyra: Par rapport à mon petit studio, l’espace public me donne l’occasion de faire plus de choses. En public, je n’ai pas besoin de permission pour exposer, je ne suis pas limité à montrer une ou deux pièces dans une galerie et les personnes ne doivent pas être invitées pour voir mes travaux. L’œuvre d’art est juste là, pour tout le monde – c’est ce qui compte. Le spectateur peut percevoir le message de mes installations dans les lieux publics en trois couches: la première couche, celle du divertissement, la deuxième, celle de la prise de conscience de l’environnement et la troisième, si vous constatez le nom de l’œuvre, vous pouvez imaginer un niveau philosophique ou réfléchir sur les choses et vous faire vos propres idées. Généralement, il est plus facile pour les gens d’aller dans un centre commercial que dans une exposition. Comme je l’ai dit plus haut, l’art de la rue est juste là, il est donc facile pour tout le monde d’y participer. Dans les rues, vous pouvez atteindre plus de gens, de telle sorte que la possibilité de prise de conscience généralisée pour les sujets de critique de la société est plus élevée que dans une galerie.

Toni Spyra, Abandoned Shipwreck© Toni Spyra, Abandoned Shipwreck, Vienne, Autriche, 2012
Toni Spyra, Ambition© Toni Spyra, Ambition, 2014
Toni Spyra, Apprenticeship© Toni Spyra, Apprenticeship, Linz, Autriche, 2014
Toni Spyra, Business© Toni Spyra, Business, 2013
Toni Spyra, Consumption© Toni Spyra, Consumption, 2014
Toni Spyra, Dirt Road© Toni Spyra, Dirt Road, Silésie, Pologne, 2013
Toni Spyra, Zoo© Toni Spyra, Zoo, Vienne, Autriche, 2014

B!B!: Vos travaux me rappellent ceux de Giuseppe Colarusso, ou encore ceux de Garcia de Marina. Que pensez-vous du parallèle artistique entre ces artistes et vous?

Toni Spyra: Nous avons tous des idées créatives et différents points de vue face aux choses ordinaires. Le matériau de base de nos travaux est identique, ce qui tend peut-être plus à les rattacher. C’est comparable – en effet – puisque nous donnons un nouveau point de vue avec nos travaux, qui est une sorte de divertissement. Même si à première vue, mon art est entendu comme humoristique comme les artistes mentionnés, ma première intention n’est pas de faire de l’art. En outre, je tiens toujours à garder l’utilisation de choses – je  tente de montrer des fonctions inconnues et de nouvelles significations des objets de tous les jours. De plus, dans mon travail, l’accent est mis sur les installations de rue et la culture urbaine.

B!B!: Quels sont vos projets à venir?

Toni Spyra: J’essaie de participer à des expositions et des festivals. Je fais également beaucoup de déplacements et tente de collaborer avec d’autres créateurs.

B!B!: Donnez-moi votre vision du monde.

Toni Spyra: Ma vision du monde est bien représentée par cette citation de John Milton, extrait du poème « Le Paradis Perdu »: « L’esprit est à soi-même sa propre demeure! Il peut faire en soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel ». Ma vision du monde dépend de mon état quotidien.

B!B!: Décrivez-moi une journée type.

Toni Spyra: Lors d’une journée studio, je me réveille tôt le matin, je fais des trucs administratifs et lis un livre ou un journal. Ensuite, je me mets à travailler sur des projets jusqu’à ce que je sois trop fatigué pour me concentrer, puis je dors. Lors d’une journée dans la rue, je me réveille le matin, fais des trucs administratifs, me promène pour trouver ou vérifier un bon endroit. Je retourne à l’atelier pour faire quelques préparatifs. Je me détends jusqu’à deux ou trois heures avant d’aller travailler jusqu’à l’aube. Je rentre ensuite à la maison et dors.

Toni Spyra, Heaven© Toni Spyra, Heaven, Linz, Autriche, 2014
Toni Spyra, Leisure© Toni Spyra, Leisure, 2013
Toni Spyra, Lost Romance, 2013© Toni Spyra, Lost Romance, 2013
Toni Spyra, Physalia, Ostende© Toni Spyra, Physalia, Ostende, Belgique, 2013
Toni Spyra, Schoolyard© Toni Spyra, Schoolyard, Vienne, Autriche, 2014
Toni Spyra, Security© Toni Spyra, Security, Wels, Autriche, 2013
Toni Spyra, Sniff© Toni Spyra, Sniff, 2014
Toni Spyra, Soup© Toni Spyra, Soup, Ljubljana, Slovénie, 2014
Toni Spyra, Streetball© Toni Spyra, Streetball, Vienne, Autriche, 2013
Toni Spyra, The Weight of Life© Toni Spyra, The Weight of Life, Cracovie, Pologne, 2013
Toni Spyra, Time© Toni Spyra, Time, Linz, Autriche, 2014
Toni Spyra, Vacation, 2013© Toni Spyra, Vacation, 2013
Toni Spyra, Virago© Toni Spyra, Virago, 2012

B!B!: Si vous pouviez vous réincarner…

Toni Spyra: Je serai un humain à nouveau.

B!B!: Si vous étiez un artiste célèbre, qui seriez-vous?

Toni Spyra: Bill Murray.

B!B! : Une œuvre d’Art?

Toni Spyra: « Szał uniesień » (La Frénésie des Exultations) de Władysław Podkowiński.

B!B!: Un personnage historique?

Toni Spyra: Diogène.

B!B!: Un animal?

Toni Spyra: Un loup.

B!B!: Un roman?

Toni Spyra: « 1984 » de George Orwell.

B!B!: Un film?

Toni Spyra: « Holy Motors » de Leos Carax.

B!B! : Une chanson?

Toni Spyra: « King of Rap » de Kool Savas.

B!B!: Votre devise?

Toni Spyra: La peur est une menteuse.

B!B!: Si vous pouviez inviter dix personnes, vivantes ou non, à dîner, qui seraient-elles?

Toni Spyra: Dix personnes décédées de ma famille.

B!B!: Et si je vous dis « Boum! Bang! »?

Toni Spyra: Boomerang!