Le soleil darde ses rayons sur le bitume, quelques gouttes de sueur pointent sur la peau moite, la chaleur monte et se répand comme la peste. Tout est pesant, même les plus infimes détails. Les couleurs sont criardes, les caractères désagréables, la glace fond et laisse apparaître l’angoisse. Mais le miracle est là, c’est la lumière… Intense, cruelle, blanche, la lumière du mois d’août révèle les objets et les personnes, leur ôtant toute forme de mystère, d’ombre et de charme.

Jonathan Deltour est un photographe de la lumière, de la lumière violente. Ses photographies sont toujours nettes, précises, parfois au point de paraître moqueuses, de vouloir montrer les choses telles qu’elles sont, un peu absurdes, un peu laides. Et pourtant, on aurait tort de croire en un quelconque cynisme tel qu’on peut le trouver chez Martin Parr – qui utilise la lumière comme un enquêteur qui aveugle le coupable pour le déstabiliser et lui faire dire la vérité –, non, Jonathan Deltour est du côté de la recherche esthétique, purement et simplement, avec un amour profond pour ce qu’il photographie. Quand il photographie une voiture brûlée au milieu d’un champ, l’horreur devient beauté; il esthétise la mécanique en la détachant de l’anecdotique, en la faisant entrer dans le domaine du beau, du rêve, de l’onirique. On croirait voir une comète éclatée sur le sol, encore brillante du feu de l’explosion, brûlante…

Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour

Ses photographies sont faites pour le grand format, exposées sous de beaux cadres brillants: il y a quelque chose de très rutilant, de flamboyant dans son travail. Évidemment, il ne fait que de la photographie argentique; évidemment, car une telle sensibilité artistique à la lumière ne s’accorde qu’avec ce processus original de la photographie, qui incarne la sensibilité technique à la lumière. Par ailleurs, il y a chez ce jeune photographe lillois de 29 ans une part d’authenticité touchante qui lui donne toute sa cohérence. Il déclare : « j’ai découvert dans la photo une passion qui m’anime… J’ai trouvé comme un sens à ma vie en photographiant la vie des autres ».

Quand il photographie des objets, comme pour la voiture brûlée, il les détache de leur sens initial pour les amener vers leur sens esthétique, il ranime leurs couleurs et leurs formes en les plaçant sous les projecteurs. Quant aux humains, il tire d’eux le meilleur. De la mannequin à la grand-mère, sa démarche n’est toutefois pas la même. Si la jolie blonde qui se prélasse sur un terrain de sport donne des frissons ambiance « Sexual Healing » de Marvin Gaye, la grand-mère photographiée en gros plan est plus rigolote  moins premier degré, avec une focale légèrement déformante: portraitiste de talent, Jonathan Deltour fait passer du charisme mais aussi de l’émotion dans ses figures humaines, quelque chose de ténu, de discret, de délicat.

De l’amour, c’est peut-être ça qui fait des photographies de Jonathan Deltour des pépites, des petits chefs-d’œuvre: de l’usine à la foire, du décor de la boucherie à la jolie blonde, il nous montre ce qu’il aime et comment il l’aime, lui fait l’amour avec l’appareil et le rend beau, grâce à cette fameuse lumière qui obsède chacune de ses images. Cette lumière n’est pas celle d’une chaleur poisseuse en réalité, c’est celle de la mise au monde de l’image, celle de la naissance de l’esthétique… L’éclosion de la beauté, Vénus sortie des eaux et autres visions oniriques, tout cela inspiré d’une voiture brûlée: c’est un miracle!

Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
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Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour
Jonathan Deltour© Jonathan Deltour

Jonathan Deltour vient de lancer avec trois photographes et amis lillois un collectif appelé Cascade Collective (avec Julien Babigeon, Renaud Coilliot et Cédric Dubus), avec pour but d’organiser des projets de plus grande envergure, de s’entraider et de partager leur passion commune. Il est exposé en ce moment, et ce jusqu’au 7 avril 2013, avec d’autres artistes au sein de l’exposition Kiss & Fly (exposition collective organisée par Art-Tripping, au Village des Créateurs, passage Thiaffait, Lyon 1er).