Cauchemardesque, l’oeuvre du peintre Vladimir Veličković a cette particularité  de susciter le débat et ne laisse, unanimement, personne indifférent. Son travail est emprunt de son histoire personnelle. Né en 1935 à Belgrade, l’artiste grandit au coeur d’une des décennies les plus sombres de l’Histoire, témoin de la barbarie humaine. Il se souvient des horreurs du régime nazi particulièrement sanglant dans cette partie de l’ex-Yougoslavie. Un détail le hante: «j’ai vu en fuyant, dans le centre de Belgrade, des gens pendus aux candélabres». Il choisit alors l’art comme moyen d’expression. Loin des grands courants de l’Art ou des modes, il restera fidèle à la figuration, loin de l’abstraction triomphante des années 1950. Techniquement, d’une grande virtuosité, expressioniste dans le traitement du corps, incisif, son oeuvre participe à l’intention de son auteur de «tenter avant tout de laisser une cicatrice dans la mémoire du spectateur».

Au fil des années, son oeuvre reste marquée par l’atmosphère de son enfance. Il traduit une vision peu élogieuse du corps, nous reflétant le destin misérable de la chair. La mort, la cruauté humaine, la décrépitude sont des thèmes récurrents. De la même manière, la gamme chromatique est réduite, amplifiant la vision apocalyptique du corps. Comme l’eût dit Georges Bataille, ces oeuvres témoignent d’une violence qui peut, parfois, se douer d’érotisme.

Un certain nombre de motifs hante la démarche de l’artiste. Ainsi ses oeuvres sont peuplées d’animaux (tantôt observateurs, tantôt neutres, souvent picoreurs de cadavre, parfois eux-mêmes victimes) : corbeaux – ou oiseaux – chiens ou rats. Vladimir Veličković semble profondément marqué par l’iconographie chrétienne, sans pour autant se revendiquer peintre de religion. En effet, son oeuvre est parcourue de motifs de crucifixion, de passion, de descente de croix ou encore de gisants. En fait, il s’agit de thèmes qui ont en commun la représentation du corps. Et c’est sans doute le motif qui occupe le plus l’art du peintre. Enfin, ses oeuvres traduisent un intérêt particulier pour le mouvement. Vladimir Veličković raconte qu’il fut marqué par les recherches d’Eadweard Muybridge (1830-1904) sur la décomposition photographique du mouvement – qui influenceront entre autres les futuristes.

L’oeuvre du peintre devenu français n’a de cesse de témoigner et de dépeindre l’agonie, les blessures, les stigmates, cette violence géographiquement et temporellement indéfinie. Elle se double d’une interrogation inquiète sur la destinée humaine.

Vladimir Velickovic, Corps, 2010 ©
Vladimir Velickovic, Corps, 2010 ©
Vladimir Velickovic, Expérience Rat, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Expérience Rat, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Rat, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Rat, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Agression, 1972
Vladimir Velickovic, Agression, 1972
Vladimir Velickovic, Corps Eclatés, 2010
Vladimir Velickovic, Corps Eclatés, 2010
Vladimir Velickovic, Feu, 2008
Vladimir Velickovic, Feu, 2008
Vladimir Velickovic, Corbeau, 2008
Vladimir Velickovic, Corbeau, 2008
Vladimir Velickovic, Corps et Corbeaux, 2010
Vladimir Velickovic, Corps et Corbeaux, 2010
Vladimir Velickovic, Blessure, 2001 ©
Vladimir Velickovic, Blessure, 2001 ©
Vladimir Velickovic, Corps, 2010 ©
Vladimir Velickovic, Corps, 2010 ©
Vladimir Velickovic, Proie, 2006 ©
Vladimir Velickovic, Proie, 2006 ©
Vladimir Velickovic, Trois Etats de Saut, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Trois Etats de Saut, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre ©
Vladimir Velickovic, Trois Etats de Saut, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Trois Etats de Saut, 1975 ©
Vladimir Velickovic, Karton, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Karton, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 1996
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 1996 ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 2007
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Karton, 2007
Vladimir Velickovic, Karton, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Rapace, 2008
Vladimir Velickovic, Rapace, 2008 ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Sans Titre, 2007 ©
Vladimir Velickovic, Le Chien, 1974 ©
Vladimir Velickovic, Le Chien, 1974 ©