Il est malheureux de devoir aller jusqu’à Berlin pour voir de ses propres yeux Cloud Cities, l’incroyable installation de l’artiste argentin, Tomás Saraceno, tissée dans la grande nef du musée Hamburger Bahnhof de Berlin jusqu’au 15 janvier.

Né en Argentine en 1973, vivant aujourd’hui à Francfort, Tomás Saraceno reste étrangement peu connu et peu montré en France. Il a pourtant exposé ses installations visionnaires dans le monde entier : Walker Art Center de Minneapolis en 2008, Biennale de Venise et Statens Museum for Kunst de Copenhague en 2009, Bonniers Konsthall de Stockholm en 2010. Quelques chanceux ont peut-être aperçu son travail à la Biennale de Lyon en 2006 ou aux Ateliers Calder de Saché, Indre et Loire, en 2010.

En pénétrant sous la voûte de verre et d’acier de la Hamburger Bahnhof, on ne peut pas ne pas penser aux architectures de science-fiction, notamment celles imaginées par Richard Buckminster Fuller (génial ingénieur, architecte et philosophe américain du XXe siècle, source directe d’inspiration pour Saraceno). On imagine le mode de vie utopique d’une société ayant élu domicile dans ces « biosphères » de plastique souple, accrochées comme des bulles de savon aux fils de fer forgé d’une vaste toile d’araignée. L’œuvre brouille tout repère temporel ou spatial. Au spectateur de compléter le scénario. Sommes-nous dans les airs? Sous la mer? Dans quel futur?

Cloud Cities est constituée d’une vingtaine de biosphères, qui sont conçues au départ comme des œuvres autonomes. Certaines ne contiennent rien qu’un peu d’eau, d’autres sont pleines d’une végétation luxuriante. Deux d’entre elles peuvent accueillir des visiteurs, émerveillés de retrouver les sensations des châteaux gonflables de leur enfance. L’installation ne fonctionnerait d’ailleurs pas si bien sans ces habitants en chaussettes qui animent de leur présence ces « villes-nuages », donnant à l’utopie une étonnante réalité.

Au-delà de la performance scientifique et technique, les éléments de l’installation sont plastiquement sublimes : échos des couleurs, contraste des matières, jeux des perspectives. Le tout est d’une beauté à couper le souffle. Qu’on ne vienne pas dire que l’art contemporain ne s’offre qu’aux initiés….

En attendant que Tomás Saraceno vienne tisser une de ses oniriques installations en France, qu’on se le dise… Berlin n’est qu’à une heure de vol de Paris.

Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation Hamburger Bahnhof, BerlinTomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation © Hamburger Bahnhof, Berlin
Tomás Saraceno, Biosphere 01, 2009. Vue de l’installation Statens Museum for Kunst, CopenhagueTomás Saraceno, Biosphere 01, 2009. Vue de l’installation © Statens Museum for Kunst, Copenhague
Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation Hamburger Bahnhof, BerlinTomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation © Hamburger Bahnhof, Berlin
Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Dessin préparatoire Hamburger Bahnhof, BerlinTomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Dessin préparatoire © Hamburger Bahnhof, Berlin
Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation Hamburger Bahnhof, BerlinTomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation © Hamburger Bahnhof, Berlin
Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation, photo Jens Ziehe Hamburger Bahnhof, BerlinTomás SaracenoCloud Cities, 2011. Vue de l’installation, photo Jens Ziehe © Hamburger Bahnhof, Berlin
Tomás Saraceno, Cloud Cities, 2011. Vue de l’installation, photo Jens Ziehe Hamburger Bahnhof, BerlinTomás SaracenoCloud Cities, 2011. Vue de l’installation, photo Jens Ziehe © Hamburger Bahnhof, Berlin