Tom Baker est un jeune peintre français formé dans les ateliers Beaux-Arts de Paris Glacière. Le médium de sa réflexion se précise lorsqu’il découvre la puissance de la peinture à l’huile. Son oeuvre est nourrie par ses professeurs et ses maîtres, notamment par le peintre abstrait Martin Bissière ou les légendes du siècle dernier Egon Shiele (1890-1918) et Francis Bacon (1909-1992).

L’artiste affectionne le travail en série (Liquid, Pink) qui, à son sens, constitue une véritable ligne directrice. Un vecteur puissant qui pourrait être employé dans une lutte contre la dispersion. Les toiles du plasticien traduisent un goût certain pour la texture et le travail de la matière: celle de la peinture mais aussi celle du monde, comme point de départ d’une réflexion sur sa péremption. De la même façon, la force de l’acte de création semble nourrir sa réflexion. La série Pink traduit, avec ses empâtements et ses  aplats, cette recherche physique, dans tous les sens du terme. Cette série donne à voir des silhouettes aux chapeaux se détachant d’un fond blanc qui semble s’étendre hors du cadre de la toile.

Tom Baker suit un mode opératoire précis. Ces deux femmes sont la reproduction d’une photographie empruntée à la presse féminine, choisie par sa sobriété, par l’absence de ce côté aguicheur qui, selon l’artiste, est trop souvent présent dans cet exercice photographique. À chaque toile, l’artiste peint ces femmes suivant les modalités mimétiques de l’hyperréalisme. Cependant, il tempère cette dimension de copie du réel en déclarant : «On n’est jamais réaliste, tout au mieux essaie-t-on de faire le plus réaliste possible». Ce travail long et fastidieux s’apparente presque à une étude sur le visage.

Tom Baker donne toute son importance au trait détaillé dans cette première étape. Ensuite, il déforme, il lâche cette bride: il appose de la peinture ou une autre substance par dripping (de l’anglais to drip, goutter)ou pouring (de l’anglais to pour, couler). Une étape plus rapide, plus jaillissante, qui se savoure d’autant plus que la première étape est un travail de longue haleine. Il y a là une lutte, à la fois drôle et cruelle, fulgurante et minutieuse, entre la protection et la destruction. Le dégoulinement est un effacement, une scorie picturale volontaire. Tout fonctionne comme si quelque chose d’incontrôlé devait nécessairement couver sous la technique. La suintement de la matière dit l’effacement qui menace tout portrait, l’absence sur la présence. La tache, toujours différente, cache les regards de ces femmes, toujours les mêmes, regards que l’ont scrute et recherche comme dans un cache-cache visuel. Cette tache est chromatique et métaphysique.

Tom Baker, Liquid N° 1, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 1, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 © Tom Baker
Tom Baker, Liquid N° 2, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 2, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 © Tom Baker
Tom Baker, Liquid N° 3, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 3, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 © Tom Baker
Tom Baker, Liquid N° 4, huile sur toile, 33 x 24 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 4, huile sur toile, 33 x 24 cm, 2010 © Tom Baker
Tom Baker, Liquid N° 5, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 5, huile sur toile, 100 x 73 cm, 2010 © Tom Baker
Tom Baker, Liquid N° 6, huile sur toile, 33 x 24 cm, 2010 Tom Baker, Liquid N° 6, huile sur toile, 33 x 24 cm, 2010 © Tom Baker