Un entretien Boum! Bang!

À seulement 21 ans, le photographe français Sidi-Omar Alami est déjà bourré de talent. Il a parcouru les États-Unis, l’Asie ou encore l’Australie et souhaite aujourd’hui entamer la traversée de l’Océan Atlantique à bord d’un voilier. Avec ses proches ou seul, ce jeune artiste capture, toujours très spontanément, la beauté de la nature qu’il traverse comme celle des personnes rencontrées au gré de ses périples. Il émane de son travail photographique « le positivisme et la joie de vivre » de la jeunesse d’aujourd’hui. Entretien avec ce photographe qui tente de mettre en lumière la bonté des hommes, que vous pouvez également retrouver sur Facebook, Instagram et Flickr.

Sidi-Omar Alami, Autoportrait
© Sidi-Omar Alami, Autoportrait.

B!B!: Quel est votre parcours artistique?

Sidi-Omar Alami: J’ai commencé à prendre des photos lors de mes voyages avec mes parents au Maroc. Nous avions pour habitude, lorsque j’étais petit, de nous y rendre chaque été pour rendre visite à ma famille, notamment mes grands-parents. Après avoir rendu visite à ma famille, nous faisions de petits road trips en famille à travers tout le Maroc. J’ai commencé à faire de la photographie avec des appareils jetables de mes parents pendants nos voyages. J’aimais prendre en photos les éléments naturels qui nous entouraient (montagnes, lacs, animaux…). Par la suite, à l’adolescence, je me suis lié d’amitié avec un pote qui possédait un boitier numérique et qui aspirait à devenir photographe. En me le prêtant très régulièrement, j’y ai pris goût. J’ai par la suite acheté mon propre boitier, et j’ai appris au fur et à mesure à devenir meilleur techniquement et à trouver ma voie. La photographie est clairement devenue le moyen par lequel je m’exprime et, en tant qu’être, je me sens vivre à travers elle. Etant plus jeune j’étais plutôt musicien, je jouais du piano. C’est pour cela que je me considère avant tout comme un artiste avant d’être photographe. Mais il s’avère qu’au fil des années, la photographie semble s’être imposée comme étant mon médium.

B!B!: Quelles sont vos influences?

Sidi-Omar Alami : Mon père spirituel est bien évidemment Steve McCurry. Ses reportages sur le Cachemire et le Népal sont incroyables. Il a commencé à parcourir le monde à l’âge de 20 ans; j’en ai  21 aujourd’hui et cela fait maintenant un an que j’ai commencé à parcourir le monde, je le prend comme exemple et espère un jour devenir un photographe aussi talentueux que lui. C’est à travers le rêve que l’on aspire à devenir quelqu’un et, aujourd’hui, je travaille dur pour y arriver. Ce n’est facile pour personne. Pour en citer deux autres, j’aime le travail de Garry Winogrand, même si je fais très peu de photographies en noir et blanc, j’adore la spontanéité présente dans ses clichés. Et enfin, pour citer un photographe français, je citerai Eric Bouvet, dont j’aime sa folie, son amour pour le danger dans ses reportages, notamment lors du conflit en Ukraine. C’est cette même spontanéité que je cherche à retranscrire de façon naturelle.

Sidi-Omar Alami, Alabama.
© Sidi-Omar Alami, Alabama
Sidi-Omar Alami, Beauty of Women
© Sidi-Omar Alami, Beauty of Women
Sidi-Omar Alami, Brothers
© Sidi-Omar Alami, Brothers
Sidi-Omar Alami, Cliff
© Sidi-Omar Alami, Cliff
Sidi-Omar Alami, Cooking.
© Sidi-Omar Alami, Cooking
Sidi-Omar Alami, Crossing-the-road
© Sidi-Omar Alami, Crossing-the-road
Sidi-Omar Alami, Fail-longboard
© Sidi-Omar Alami, Fail-longboard
Sidi-Omar Alami, Fallin
© Sidi-Omar Alami, Fallin
Sidi-Omar Alami, Fighting with Love
© Sidi-Omar Alami, Fighting with Love
Sidi-Omar Alami, In-Colorado-lake
© Sidi-Omar Alami, In-Colorado-lake
Sidi-Omar Alami, Libre
© Sidi-Omar Alami, Libre
Sidi-Omar Alami, Miroir
© Sidi-Omar Alami, Miroir

B!B!: Et vos thèmes de prédilection?

Sidi-Omar Alami: Vous savez, nul ne me rend plus heureux que d’être entouré de montagnes, de forêts, de lacs, que ce soit en compagnie de mes amis proches ou seul. Il va de soi que mon thème favori est la nature. J’aime photographier les grands paysages à perte de vue et mes amis dans la vie de tous les jours, mais aussi les photographier évoluant justement dans cette nature, lorsque l’on part en road trip par exemple.

B!B!: Parlez-moi de votre road trip de 2014, où vous êtes parti seul, aux États-Unis. Que vous a apporté cette expérience?

Sidi-Omar Alami: Pour tout vous dire, à la base, je partais trois mois aux États-Unis juste pour progresser en anglais. L’idée du road trip est venue après, suite à des rencontres inattendues. J’ai débarqué à New York avec un sac à dos et quand j’ai posé le pied à l’aéroport JFK, je ne connaissais absolument personne. Mais, grâce aux réseaux sociaux et ma facilité à aller vers autrui, j’ai vite su m’adapter à New York et me créer un réseau d’amis. J’ai rencontré énormément de personnes dès la première semaine. Les deux premières semaines, des sœurs jumelles m’ont hébergé à Brooklyn, près de Williamsburg et Bushwick. Mon hébergement est arrivé à son terme et j’ai dû à nouveau chercher un appart. Quand je suis arrivé aux Etats-Unis, en juin 2014, j’avais 20 ans, les bars m’étaient donc interdits. Je me suis donc laissé pousser la barbe afin de paraître plus vieux et passer sans encombre le contrôle des cartes d’identité à l’entrée. Cette technique a porté ses fruits puisqu’un soir, dans un bar lors d’un match de la Coupe du Monde opposant l’équipe de France à un pays d’Amérique Latine, j’ai fais la connaissance d’un trader français travaillant à Wall Street. Le courant est directement passé entre nous et il a accepté de m’héberger dans son luxueux appartement, au 25ème étage d’un building à Broadway, dans Manhattan. C’était juste incroyable d’être hébergé dans ces conditions alors que je n’avais que 20 ans, on ne voit ça que dans les films. Il m’a hébergé deux semaines. Quelques jours après, j’ai rencontré un photographe new-yorkais et un musicien français. Nous avons acheté une vieille voiture, une Buick 1993, et nous avons entamé une traversée de plus de 16 000 km à travers les routes américaines. Nous avons traversé plus de vingt états (Pennsylvania, Ohio, Indiana, Illinois, Wisconsin, Minnesota, South Dakota, Wyoming, Colorado, Idaho, Oregon, Washington, California, Nevada, Utah, Arizona, New mexico, Texas, Louisiana, Mississipi, Alabama, Tennessee, North Carolina, Virginia). C’est sûrement l’aventure la plus incroyable de toute ma vie. C’était génial de manger dans la même casserole tous les jours pendant cette traversée, qui a duré plus de deux mois. C’était marrant de prendre nos douches dans des lacs et de dormir à la belle étoile chaque soir.

B!B!: Vos photographies capturent une jeunesse libre et positive. On sent que votre travail se fait au grès de vos rencontres et périples, constituant un véritable carnet de voyage. Quel message souhaitez-vous faire passer par le biais de vos photographies?

Sidi-Omar Alami: C’est exactement ça! Contrairement au grandiose Mike Brodie qui, à son époque, capturait justement une jeunesse libre mais totalement triste, j’essaie de mon côté de capturer le positivisme et la joie de vivre dans cette jeunesse qui renoue avec la nature et veut croquer la vie à pleines dents. J’essaie de transmettre de la paix, de la joie, du plaisir pour les yeux et pour les cœurs. C’est mon fil conducteur.

Sidi-Omar Alami, No place in the car
© Sidi-Omar Alami, No place in the car
Sidi-Omar Alami, Sanetch-road
© Sidi-Omar Alami, Sanetch-road
Sidi-Omar Alami, Sea of Ice
© Sidi-Omar Alami, Sea of Ice
Sidi-Omar Alami, South Dakota
© Sidi-Omar Alami, South Dakota
Sidi-Omar Alami, Sunset Beach
© Sidi-Omar Alami, Sunset Beach
Sidi-Omar Alami, The Cows
© Sidi-Omar Alami, The Cows
Sidi-Omar Alami, Thibault in Alabama
© Sidi-Omar Alami, Thibault in Alabama
Sidi-Omar Alami, Underwater
© Sidi-Omar Alami, Underwater
Sidi-Omar Alami, Waiting the Train
© Sidi-Omar Alami, Waiting the Train
Sidi-Omar Alami, Walking
© Sidi-Omar Alami, Walking
Sidi-Omar Alami, Water Fall
© Sidi-Omar Alami, Water Fall
Sidi-Omar Alami, Windy
© Sidi-Omar Alami, Windy

B!B!: Parlez-moi de vos choix esthétiques.

Sidi-Omar Alami: Et bien, tout photographe sérieusement impliqué dans sa discipline vous dira que « la lumière » est la chose sur laquelle un photographe doit prêter le plus d’attention. Pour ma part, c’est le cas. Photographier lors des premières lueurs du jour ou au coucher du soleil est juste le pied! La lumière est moins agressive. J’aime les photographies bien composées également.

B!B!: Comment décririez-vous votre travail?

Sidi-Omar Alami: En deux mots, innocence et spontanéité.

B!B!: Quels sont vos futurs projets?

Sidi-Omar Alami: Je travaille actuellement pour certaines marques, et je rentre tout juste de Suisse où je travaillais sur une campagne photo pour une marque suédoise. Mon prochain gros projet est la traversée de l’Océan Atlantique sur un voilier. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant mais ça s’annonce grandiose.

B!B!: Donnez-moi votre vision du monde.

Sidi-Omar Alami: Le monde dans lequel nous vivons n’a jamais été aussi bizarre. Des guerres et des conflits éclatent de partout alors que nous avons tous les moyens en notre possession pour vivre en paix et heureux. En tant qu’artiste, ça m’attriste mais, d’un autre côté, cela me motive à œuvrer pour un monde meilleur. C’est ce que je m’efforce de faire à travers mes clichés.