Cette année, la Biennale de Venise en aura certainement surpris plus d’un. Son curateur Massimiliano Gioni, a ainsi opté pour une présentation d’artistes parfois « hors circuit », peu connus du public, autodidactes et n’exerçant pas l’art comme activité principale. Parmi ces invités « inhabituels », Shinichi Sawada, jeune autiste japonais dont on pourrait inscrire les singulières sculptures dans le mouvement art brut*.

Né à Shiga en 1987, Shinichi Sawada fréquente dès son adolescence un foyer spécialisé pour handicapés mentaux dans la ville de Ritto. Il travaille tout d’abord dans la boulangerie de cet établissement avant d’intégrer un atelier où, plusieurs fois par semaine, il façonne l’argile. En 2001, son professeur fait construire une cabane à l’écart pour ses élèves apprentis potiers. Et, dans ce lieu fait de planches et de tôles, Shinichi Sawada et d’autres élèves sculptent et cuisent leurs créations à l’aide d’un four à bois lui aussi rudimentaire.

C’est donc avec des moyens réduits à l’essentiel que Shinichi Sawada a créé ses sculptures en terre. Des sortes de créatures à la fois féeriques et monstrueuses, tenant tour à tour de l’humain, du reptile, de l’oursin et de l’oiseau. Ensemble, elles forment une étrange famille ou une sorte d’espèce à part entière dont la particularité est de posséder des centaines de piquants que l’artiste place un par un, avec minutie, régularité et dans le silence le plus total.

© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada

Si certaines de ses sculptures possèdent des traits typiquement asiatiques, entre masques de théâtre et manga, d’autres nous rappellent certains totems africains que l’artiste a peut-être croisés dans des livres puis reproduit. Mais, difficile compte tenu de son handicap d’en savoir plus et de différencier ce qui, dans son œuvre, tient de la préméditation et ce qui tient du pur hasard. Cependant, il est certain que ses créations fascinantes émanent de son imaginaire et qu’il les réalise sans but artistique, plutôt à la manière d’un enfant, débarrassé de toute contrainte et libéré de la pression du jugement.

Une fois de retour chez ses parents, Shinichi Sawada ne sculpte plus mais fabrique des dizaines de modèles réduits de voitures faites en morceaux de papier qu’il assemble minutieusement. Une fois encore, il semblerait qu’il trouve dans ce processus de création continue, une sorte d’apaisement et de fil conducteur qui constitue une grande partie de sa vie.

Les sculptures de Shinichi Sawada sont actuellement présentées à Venise dans le cadre de l’exposition principale de la Biennale 2013, « Il Palazzo Encyclopedico ».

© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada
© Shinichi Sawada© Shinichi Sawada – Photographie de Francesco Galli – Courtesy La Biennale di Venezia
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* Terme inventé par le peintre Jean Dubuffet pour désigner les productions de personnes travaillant en dehors du cercle de l’art et des normes esthétiques, sans apprentissage, maître ou modèle.