La Galerie Thaddaeus Ropac présente « Of Beasts and Super-Beasts », première exposition personnelle en France de l’artiste d’origine indienne Raqib Shaw. Né en 1974 à Calcutta, Raqib Shaw grandit dans la région du Cachemire puis part en 1998 étudier l’art à Londres, capitale où il vit aujourd’hui. Depuis 8 ans, il travaille dans son atelier avec sa « famille » d’assistants. Un cocon dont il sort peu et où éclosent ses œuvres, à la lisière entre arts plastiques et arts décoratifs. Des toiles peuplées de créatures hybrides, au croisement entre divinités, hommes et animaux, toutes enchevêtrées dans des compositions spectaculaires. Alors, approchez-vous et vous le constaterez, il y a beaucoup à voir et à comprendre dans ce Shaw.

Raqib Shaw, Suite of the Emerald Green Boudoir, 2012 Raqib Shaw, Suite of the Emerald Green Boudoir,  2012 © Galerie Thaddaeus Ropac

Première vue d’ensemble. Les œuvres de Raqib Shaw, sagement encadrées, sont alignées ou disposées en ensembles symétriques. Sur des fonds blancs immaculés se détachent immédiatement des « masses » ultra-colorées, scintillantes et attirant l’œil. Chargées, lourdes, fourmillant d’éclats, elles nous amènent à penser que Shaw travaille la mosaïque ou confectionne des tissus brodés. Et pourtant, il s’agit bien de dessins et de peintures rehaussés de reliefs et de lumière.

L’observation continue. On distingue rapidement des créatures, mais impossible de comprendre qui elles sont ni ce qu’elles font. Certaines sont pourvues d’ailes et volent, d’autres sont enchevêtrées ou gesticulent comme des pantins désarticulés. Le décor est lui plus évident: des bouquets flamboyants, du mobilier clinquant, des colonnes et des socles rappelant les salles d’apparat des palais, des rideaux lourds, un trône.

Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir » – 2012 Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir », 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir », 2012 Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir »,  2012 © Galerie Thaddaeus Ropac

Encore un peu plus près. Ca y est. Notre œil commence à y voir un petit peu plus clair. Ces créatures sont des sortes de singes habitant des intérieurs cossus dans lequel ils crient, se battent ou copulent. La gueule grande ouverte, le corps tordu, ils semblent ivres, fous ou morts. Certains sont enchainés les uns aux autres par de lourdes chaines de diamants. D’autres portent des tenues SM, manient le fouet ou sont ligotés dans les règles de l’art du bondage.

D’autres animaux complètent et décorent ces scènes. Des petits lémuriens cachés dans des bouquets semblent tétanisés. Des volatiles et des lapins sont pendus par les pattes comme de simples animaux à manger, certains ont même les tripes à l’air. Des serpents sont dissimulés dans des branchages. D’autres créatures planent dans les airs ou dans les autres toiles. Chimères, hybrides, collages de différentes espèces, elles sortent d’une mythologie inconnue ou peut-être directement de l’enfer.

Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir », 2012 Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Emerald Green Boudoir », 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012Raqib, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac

D’encore plus près. Les matières se révèlent: peintures métalliques, mélanges liquides de couleurs donnant vie aux motifs, émaux scintillants, fils d’or, pierres semi précieuses. La bestialité des « participants » et le désordre des scènes parfaitement pensé vont de pair avec une grande variété de matières organisées et contenues dans des contours précis. Et à cette richesse de fond et de formes vient s’ajouter une richesse d’influences. De son enfance dans le Cachemire, l’artiste a été exposé à une quadruple culture: bouddhiste, hindoue, musulmane, chrétienne. Et ce n’est pas pour rien que ses toiles semblent aussi bien inspirées par les miniatures persanes, l’artisanat indien ou les frises sculptées qui décorent les temples. On pense également aux cabinets de curiosités, au Jardin des délices de Bosch, aux gravures anciennes, au décor, aux drapés et à la symétrie typique du style Empire. Autant de références que l’artiste revendique et qu’il doit à ses études, ses lectures et ses rencontres.

Ce mélange de sujets, de techniques et d’influences fait tourner la tête. On se laisse emporter par toutes ces couleurs, cette brillance et cette violence aveuglantes. On atteint « l’overdose sensorielle » comme le dit l’artiste. Puis, on cherche à comprendre, à rapprocher ces petites bêtes d’autres bêtes plus grandes, les hommes, car même si elles sont jouées par des animaux, ces scènes ne peuvent avoir qu’une origine humaine. Et en effet, il semblerait que Raqib Shaw aime nous convier à une satire de notre vanité, de notre avidité, de notre besoin de pouvoir et de possession. Une invitation qu’il façonne avec grand soin pour nous donner l’occasion de voir notre société déraper en beauté.

Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012 Raqib Shaw, Détail de « Suite of the Red Boudoir of Beasts », 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, The Napoleon Suite, 2012Raqib Shaw, The Napoleon Suite,  2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Suite of the Red Boudoir of Beasts, 2012 Raqib Shaw, Suite of the Red Boudoir of Beasts, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Monkey King Boudoir I, 2012Raqib Shaw, Monkey King Boudoir I,  2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Still to be titled, 2012 Raqib Shaw, Still to be titled, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Cock-A-Liki, 2012 Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Cock-A-Liki, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Bushmur, 2012 Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Bushmur, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Bushvamps I – 2012 Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Bushvamps I – 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Falcock, 2012 Raqib Shaw,  Whimsy Beasties…Falcock, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac.
Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Vulcock, 2012 Raqib Shaw, Whimsy Beasties…Vulcock, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac
Raqib Shaw, To be titled, 2012 Raqib Shaw, To be titled, 2012 © Galerie Thaddaeus Ropac

Exposition « Of Beasts and Super-Beasts » jusqu’au 7 avril 2012 à la Galerie Thaddaeus Ropac.

Thaddaeus Ropac

7 rue Debelleyme
75003 Paris
+33 1 42 72 99 00
[email protected]

Du mardi au samedi de 10h à 19h