Diplômés de l’École des Beaux-Arts de Rennes, Daniel Dewar & Grégory Gicquel renouent avec la pratique traditionnelle de la sculpture. Ils jouent sur les effets de comparaison et de contraste en associant des matériaux et des motifs hétérogènes, voire contradictoires, afin de créer un univers décalé, composite. Ils reproduisent des artefacts industriels avec leurs propres moyens  artisanaux, plutôt que de déléguer ce travail à un tiers, en ajoutant à la perfection lisse qui caractérise habituellement ces objets, une touche d’imperfection.

Inscrivant leur pratique dans une approche manufacturée de la sculpture et travaillant des matériaux aussi variés que le bois, le béton, le métal, le marbre ou l’argile, le tandem exploite la confrontation des matières, rugueuses ou brutes, avec des éléments synthétiques, polis ou brillants. Les motifs sont empruntés au bricolage, à la musique rock et électronique, aux sports urbains — tels que le BMX et le skate-bord — ou au monde animalier. La pétrification d’objets contemporains  nous donne à voir des  concrétions qui combinent le minéral et l’organique ou le métallique dans une surprenante confusion de la matière.  Ailleurs, des assemblages d’objets étranges confinent au tribal et au ready-made: le monde contemporain semble être le reste archéologique de lui-même.  La suggestion à l’oeuvre dans ces pièces conserve sa part au mystère et interroge le spectateur sur son inscription dans  son espace et son temps. Les sculptures ambigües et indécelables de Daniel Dewar et Grégory Gicquel ne sont jamais tout à fait ce qu’elles affirment à priori, elles développent un langage plastique décloisonné qui pose sa transversalité (des matières, des époques, des êtres) comme ingrédient structurant.

Ainsi, l’installation intitulée Ukiyo-e et présentée en 2006 au Frac des Pays de la Loire, revêt la forme d’un éléphant de mer en cuir cousu au ventre et rempli de sciure, avec des accessoires érotiques japonais évoquant l’univers de la bijouterie, tandis que l’oeuvre Mason Massacre présentée au jardin des Tuileries à l’occasion de la FIAC en 2008, représente une Ferrari Testarossa pétrifiée de marbre, comme un fossile de luxe ou un vestige de notre société consumériste.

Daniel Dewar est né en 1976 à Forest of Dean en Angleterre, il vit et travaille à Nantes. Grégory Gicquel est né en 1975 à Saint Brieuc, il vit et travaille à Paris. Les deux plasticiens collaborent depuis 1998.

Daniel Dewar & Gregory Gicquel, Ukiyo-e, 2006, Frac des Pays de la Loire, vue de l'exposition Daniel Dewar & Gregory Gicquel, Ukiyo-e, 2006, Frac des Pays de la Loire, vue de l’exposition ©
Daniel Dewar & Gregory Gicquel, Mason Massacre, 2008, FIAC, Jardin des Tuileries Daniel Dewar & Gregory Gicquel, Mason Massacre, 2008, FIAC, Jardin des Tuileries © Photo: Jérôme Taub
Daniel Dewar & Gregory Gicquel Daniel Dewar & Gregory Gicquel ©
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Drum kit et le pied de biche, 2007 Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Drum kit et le  pied de biche, 2007 ©

Exposée pour la première fois en 2007, la sculpture Sans Titre représente des hippopotames grandeur nature en argile. À la vue de ces animaux émergeant de la matière, on ne peut que se demander d’où ils reviennent, ce qu’il ont vécu. L’effritement de la base et d’une partie de l’un d’eux contraste avec les formes pleines et les rondeurs sensuelles du reste de la sculpture; massivité et fragilité conjuguées comme métaphore possible de la sculpture elle-même mais aussi de notre époque.

Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Sans titre, 2007, Kaolin (argile), 180×800×1000cm Daniel Dewar & Grégory GicquelSans titre, 2007, Kaolin (argile), 180×800×1000cm © Courtesy Galerie Loevenbruck, Paris
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Sans titre, 2007, Kaolin (argile), 180×800×1000cm Daniel Dewar & Grégory GicquelSans titre, 2007, Kaolin (argile), 180×800×1000cm © Courtesy Galerie Loevenbruck, Paris
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Greyhound, 2007, chêne, chaussettes, laine, 120×140×96cm Daniel Dewar & Grégory GicquelGreyhound, 2007, chêne, chaussettes, laine, 120×140×96cm © Photo: Bruno Scotti
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, The Hairdresser’s Birthday Treat and Cocoa Tourismo, 2006Daniel Dewar & Grégory Gicquel, The Hairdresser’s Birthday Treat and Cocoa Tourismo, 2006 © Courtesy of the artists & Collection Hervé Loevenbruck
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Marcraming is not Dead, 2006 Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Marcraming is not Dead, 2006 ©