Peintre et sculpteur américain né en 1957, George Condo vit et travaille à New York. Dans les années 80, il côtoie les artistes de la Beat Generation ainsi que les peintres new yorkais Keith Haring, Jean-Michel Basquiat ou Julian Schnabel. En 1983, il part étudier en Allemagne l’art traditionnel européen. Ce voyage influe grandement son travail car on y perçoit une grande connaissance des peintures de maîtres européens dans ses déconstructions faciales cartoonisées. Le cubisme, entre autres, avec Picasso en tête, rencontre volontiers l’American pop culture. L’ensemble de son œuvre est basé sur des portraits. On y retrouve des visages déstructurés aux sourires forcés nous rappelant des airs de Chucky. Ou d’automates désenchantés.

George Condo, Cave painting© George Condo, Cave painting, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
George Condo, The bird brain of Alcatraz© George Condo, The bird brain of Alcatraz, huile sur toile 190,5×215,9cm 2008
George Condo, Crime and punishment© George Condo, Crime and punishment, huile sur toile 215,9×190,5 cm 2008
George Condo, Cubist priest© George Condo, Cubist priest, huile sur toile 215,9×190,5 cm 2008
George Condo, Kanye© George Condo, Kanye, huile sur toile 2010

« Artificial Realism » est le terme que l’artiste utilise pour définir son travail qui est « la représentation réaliste de ce qui est artificiel ». Un réalisme apparent en effet se dégage de ces tableaux du fait de leur présentation traditionnelle tout en transfigurant la réalité et en nous donnant à voir des personnages hors norme sortis d’expériences chirurgicales ratées. Pour rendre l’artificialité du corps, George Condo le disloque et le démembre en recréant ainsi une autre vérité. Dans « Jean Louis Mind » où des yeux et des bouches semblent avoir pullulé sur tout le visage, on finit par y voir une transformation faciale en direct, un dédoublement. Une schizophrénie s’en dégage pour dénoncer avec plus de force l’apparence lisse d’un visage « naturel ». Ce visage, sur ce tableau, n’est-il pas plus réel se dévoilant à nu devant nos yeux?

George Condo, Jean Louis Mind© George Condo, Jean Louis Mind, huile sur toile 45×38 cm 2005
George Condo, Orgy composition© George Condo, Orgy composition, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
George Condo, Outdoor family© George Condo, Outdoor family, huile sur toile 215,9×190,5 cm 2008
George Condo, Reclining woman in field© George Condo, Reclining woman in field, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
George Condo, Seated girl© George Condo, Seated girl, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
Le peintre représente ainsi les émotions à l’extrême jusqu’à défigurer les visages les rendant clownesques, inquiétants et pathétiques. Le corps quant à lui est parfois disloqué, disproportionné ou simplement absent. La sexualité des corps est alors souvent représentée de manière violente et brute. La sensualité féminine est caricaturée, gauche et ridicule. Pour représenter l’âme folle, tel un chirurgien fou, George Condo découpe, agrandit ou multiplie des parties du corps ou du visage formant ainsi des créatures sorties de son imagination. Les traits du visage sont animalisés. On retrouve souvent le nez rond qui renvoie au clown, les oreilles d’animaux, les dents éparpillées sur le visage qui donnent l’impression d’y avoir plusieurs bouches. Dans « Big Sue in jail », le menton monté à l’extrême déplace tout l’ordre naturel du visage. Malgré la dislocation et la déstructuration, les portraits n’inspirent pas peur ou répulsion mais plutôt de la pitié de par leur pathétisme car ils sont le miroir inverse de l’absurdité de notre monde artificiel. Dans cette lecture, comble de l’ironie quand nous voyons les portraits de la Reine d’Angleterre ou de Jésus qui sont devenus de réels personnages de dessins animés remettant ainsi en cause leur statut.
George Condo, Big Sue in jail© George Condo, Big Sue in jail, huile sur toile 152,4×132,8 cm 2008
George Condo, Nightmares of the Queen© George Condo, Nightmares of the Queen, huile sur toile 2006
George Condo, Jesus@George Condo, Jesus, 2007
George Condo, Spider woman© George Condo, Spider woman, huile sur toile 243,8×203,2 cm 2002
George Condo, The barmaid© George Condo, The barmaid, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
George Condo, The informer© George Condo, The informer, huile sur toile 190,5×215,9 cm 2008
George Condo, The red head© George Condo, The red head, huile sur toile 116,84×121,92 cm 2004
George Condo, Woman and man© George Condo, Woman and man, huile sur toile 215,9×190,5 cm 2008
George Condo, Writer© George Condo, Writer, huile sur toile 157,48×137,16 cm 2006
George Condo, sans titre© George Condo, sans titre
George Condo, sans titre
© George Condo, sans titre

En 2010, George Condo illustre la « belle et sombre fantaisie tordue » de Kanye West (traduction du titre de son album « My Beautiful and Dark Twisted Fantasy ») représentant le rappeur vautré sur un canapé avec une créature ailée sans bras et nue sur lui. Le fantasme sexuel ici suggéré a été sans doute la raison de la censure de la pochette. George Condo arrive alors à déranger mettant au jour la vérité de l’âme et de la chair.

George Condo, Kanye West - My Beautiful and Dark Twisted Fantasy,@ George Condo, Kanye West – My Beautiful and Dark Twisted Fantasy, cover Album, 2010