Barbara Navi cultive les couleurs nocturnes afin d’accorder au réel une force poétique étrange. Elle introduit sur ou dans le paysage des éléments perturbateurs. Les placages – qui jouent de la redondance ou de l’opposition – cassent l’organisation plastique de base pour initier un espace autant en équilibre qu’en déséquilibre, en réalisme qu’en fantaisie. Cette charnière, perturbe la réalité au moment où les états naissants de la peinture restent des crépuscules sans toutefois évoquer une quelconque nostalgie.

Le regardeur est simplement perdu dans une dialectique du rêve et du réel, du jour et de la nuit au sein d’une anamnèse picturale par laquelle Barbara Navi n’idéalise rien. Elle crée un appel d’air. Fouillant le monde elle n’en retire pas seulement des vestiges ou des ruines elle le porte vers un futur dans l’embrasement de lumières sombres. Chaque paysage ou narration devient plus qu’ailleurs une cosa mentale dont la vibration tient autant de l’affect que de la pensée.

Barbara Navi, Eaux Troubles
© Barbara Navi, Eaux Troubles, huile sur toile, 130×162 cm, 2014
Barbara Navi, Dérive
© Barbara Navi, Dérive, huile sur toile, 97×130 cm, 2014 (collection particulière)
Barbara Navi, Avant l’aube
© Barbara Navi, Avant l’aube, huile sur toile, 80×80 cm, 2014
Barbara Navi, Les lendemains
© Barbara Navi, Les lendemains, huile sur toile, 90×194 cm, 2014 (collection particulière)
Barbara Navi, Eau trouble
© Barbara Navi, Eau trouble, huile sur toile, 60×80 cm, 2014
Barbara Navi, Plateforme
© Barbara Navi, Plateforme, huile sur toile, 54×65 cm, 2014
Barbara Navi, L’ombre portée
© Barbara Navi, L’ombre portée, huile sur toile, 73×100 cm, 2014 (collection particulière)
Barbara Navi, La chute
© Barbara Navi, La chute, huile sur toile, 150×150 cm, 2014
Barbara Navi, Pégase
© Barbara Navi, Pégase, huile sur toile, 130×200 cm, 2013

Par de tels lieux transposés par l’artiste remontent des questions généalogiques: Pourquoi étions-nous dans ces murs? Que sommes-nous dans le temps? La peinture en les soulevant acquiert une troublante souveraineté au moment même où la créatrice déspatialise l’espace en un effet de mur sur lequel nous buttons mais à travers lequel s’inscrit une transparence puisque l’artiste nous le fait traverser par effet de surface.

Chaque tableau devient ainsi frontière et seuil. Les vieux enfants que nous sommes scrutent alors ces vieux espaces, estiment le temps car l’artiste nous rappelle que ces lieux qui restent présents sont la pâte de nos vies. Pour autant Barbara Navi ne fait pas de nous des narcisses mélancoliques rendus dépressifs par la maladie de l’idéalité des verts paradis d’amours enfantines. Montrant des lieux plus ou moins interlopes elle met à mal l’ankylose visuelle, crée un regard neuf en des toiles. Plutôt que de fixer une image elles deviennent des processus nomades.

Barbara Navi, Tour de main
© Barbara Navi, Tour de main, huile sur toile, 100×100 cm, 2013
Barbara Navi, Nuit et jour
© Barbara Navi, Nuit et jour, huile sur toile, 114×160 cm, 2012 (collection particulière)
Barbara Navi, L'idole
© Barbara Navi, L’idole, huile sur toile, 50×70 cm, 2012 (collection particulière)
Barbara Navi, L'infans
© Barbara Navi, L’infans, huile sur toile, 60×80 cm, 2011
Barbara Navi, Prémices
© Barbara Navi, Prémices, huile sur toile, 140×210 cm, 2011
Barbara Navi, Décor Paris
© Barbara Navi, Décor Paris, huile sur toile, 146×114 cm, 2011 (collection particulière)
Barbara Navi, L'enclos
© Barbara Navi, L’enclos, huile sur toile, 130×89 cm, 2012 (collection particulière)
Barbara Navi, Les modélistes
© Barbara Navi, Les modélistes, huile sur toile, 60×80 cm, 2010 (collection particulière)
Barbara Navi, Ballade
© Barbara Navi, Ballade, huile sur toile, 60×80 cm 2012 (collection particulière)
Barbara Navi, Ouvrage
© Barbara Navi, Ouvrage, huile sur toile, 68×102 cm, 2012 (collection particulière)
Barbara Navi, Circus
© Barbara Navi, Circus, huile sur toile, 50×70 cm,  2012